Chers paroissiens,
Nous ne savons toujours pas à quelle date nous pourrons enfin nous retrouver pour célébrer ensemble l’eucharistie et communier au corps du Christ. Je sais la souffrance que cette privation représente pour beaucoup d’entre vous et je la partage.
Je crois que nous sommes invités à la vivre dans un don de nous même, dans un sacrifice dans le sens noble et biblique du terme. Nous sacrifions notre désir de cette rencontre ecclésiale avec notre Dieu pour éviter la souffrance et la mort de nos contemporains. Nous renonçons, pour un temps, à notre droit pour que vivent les plus fragiles d’entre nous, pour que le mal que représente ce virus soit vaincu par l’amour de chacun.
N’oublions pas que les communautés chrétiennes qui vivent dans les forêts tropicales d’Afrique ou d’Amérique du Sud, ou sur les hauts plateaux Andin, n’ont que quatre ou six messes par an. Et, n’en doutons pas, ils sont de tout aussi bons chrétiens que nous. Nous est donné l’occasion de penser à eux, de prier pour eux, de vivre notre foi en communion avec eux, et avec tous ceux qui, à travers le monde ou chez nous, sont privés, pour une raison ou une autre, de l’Eucharistie.
Il est bon aussi que nous prenions conscience, à cette occasion, qu’il y a d’autres moyens que la messe pour nous unir à notre Dieu, nous laisser éclairer et nourrir par lui. Je vous répète des choses que je vous ai déjà écrites au printemps, je vous prie de m’en excuser mais elles me semblent essentielles.
Il y a bien entendu la messe télévisée ou sur Internet, mais je crois qu’elle ne suffit pas, elle risque de nous laisser sur une frustration si elle n’est pas complétée par une rencontre personnelle avec Dieu.
« Le Christ, réellement présent dans les espères du pain et du vin, est présent analogiquement dans la Parole proclamée dans la liturgie. » écrit le pape Benoit XVI dans l’Exortation Apostolique sur la Parole du Seigneur N° 56. En d’autres mots, nous pouvons communier au Christ Jésus aussi fortement dans sa Parole méditée que dans son Corps partagé.
Alors prenons le temps de lire et de méditer l’évangile du jour ou faisons une lecture continue d’un Evangile. Lisons un passage deux fois. Laissons notre cœur être touché par une phrase ou un mot. Laissons ce mot tourner en notre cœur. « Ruminons-le ». Mettons nous tout simplement à l’écoute de Dieu. « Dans cette phrase, Seigneur, que dis-tu à mon actualité ? »
Ouvrons notre cœur au Seigneur dans une prière spontanée et simple. « S’il te plait, merci, pardon, je t’aime » ce sont les mots que je donne aux enfants pour s’adresser à Dieu. Ils sont bon à tout âge, à nous de les compléter par ce qui occupe ou préoccupe notre cœur.
Si nous sommes plus à l’aise avec la prière du chapelet, vivons la avec l’éclairage des mystères du Rosaire, ils sont une autre manière de se mettre à l’écoute de la Parole de Dieu.
Enfin, pour que notre communion soit réelle nous sommes invités aussi à ouvrir notre prière. Nous pensons aisément à nos proches pour qui nous prions régulièrement, en ces jours difficiles pour les habitants de toute la planète ouvrons plus largement notre cœur et notre prière. Et ainsi nous vivrons la communion des saints, c’est-à-dire l’union dans la prière de tous les amis de Jésus qu’ils soient sur cette terre ou déjà dans la gloire de Dieu.
Puisque nous ne pouvons communier au Corps du Christ, vivons pleinement toutes les autres communions qu’il nous offre : communion au frère, communion à la Parole de Dieu, communion dans la prière, communion des saints, et, j’en suis sûr nous sortirons grandis de ce confinement, plus adultes spirituellement de ce temps de sacrifice.
En communion avec chacun d’entre vous.
Père Jean Luc Barrié
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