“Une eucharistie qui ne se traduit pas…”

« Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers. » nous dit Marc.
Nous connaissons la suite, les heures d’angoisse, l’arrestation, le jugement, la crucifixion, et la mort de Jésus sur la croix. C’est dans cette mort que les mots prononcés par Jésus au court de son dernier repas prennent sens. « Ceci est mon corps livré pour vous », « ceci est mon sang versé pour vous ». Il annonce aux apôtres et nous donne de vivre, ce don qu’il fait de lui-même, de sa vie, sur la croix. Mais les mots « prenez et mangez », « prenez et buvez » n’ont de sens qu’après la résurrection. C’est parce que les apôtres ont fait l’expérience de la rencontre de Jésus ressuscité, Jésus vivant, présent, avec un corps transfiguré, un corps glorieux, un corps spirituel, qu’ils ont pu se souvenir et comprendre ces paroles si mystérieuses de Jésus.

L’eucharistie est le sacrement de la Pâque du Seigneur Jésus, la célébration de sa mort et de sa résurrection. Mort et résurrection à laquelle nous sommes associés, dont il nous est donné d’être nourri, fortifié, vivifié, sauvé. Dans ce sacrement Jésus se donne à nous, d’où le nom de saint sacrifice.
Pour en comprendre la richesse il nous faut relire la première lecture. Nous voyons Moïse faire un sacrifice à Dieu, il égorge des jeunes taureaux pour les offrir au Seigneur. Dans toutes les religions anciennes il y avait des sacrifices d’animaux et même d’êtres humains. Le sacrifice était fait pour apaiser la colère des dieux, ou pour s’unir à eux dans un repas commun. C’était l’homme qui avait l’initiative et qui offrait à Dieu un sacrifice.
Le sacrifice inauguré par Jésus est tout autre. Jésus a inversé les choses. Ce n’est plus l’homme qui offre quelque chose à Dieu, c’est Dieu lui-même qui s’offre à l’homme.
Il n’y a plus d’animaux tués, il y a Dieu lui-même qui meurt sur la croix, dans un don unique de sa vie. « Ma vie, nul ne la prend c’est moi qui la donne » Jn 10, 18 , « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » Jn 15, 13 à dit Jésus expliquant ainsi son sacrifice.
Dans l’eucharistie, Dieu se donne à nous. Le sacrifice unique de Jésus n’est par renouvelé, il n’a eu lieu qu’une fois, mais il nous est donné, en faisant mémoire comme il nous l’a dit « faite ceci en mémoire de moi », il nous est donné d’en recevoir les bénéfices, il nous est donné d’y participer, d’en être nourri. Dans l’eucharistie, nous recevons Dieu lui-même qui vient se donner à nous, qui vient habiter notre cœur, qui vient nous faire bénéficier des grâces de sa résurrection. Nous sommes nourris de vie divine, nous participons à sa gloire éternelle. C’est sa force de vie et d’amour, force de résurrection, qui vient envahir tout notre être.
L’eucharistie est une nourriture vitale pour le chrétien. Sans elle sa foi ne peut que dépérir.
Le mot eucharistie veut dire en grec « rendre grâce », elle est un « merci »
L’eucharistie nous engage donc à faire de notre vie une action de grâce, une louange, un merci à Dieu. Et pour ce faire il n’est d’autre chemin que le don de soi, le don de sa vie, à la suite et à l’exemple de Jésus que nous recevons dans se sacrement.
Notre pape Benoît XVI à écrit dans sa première encyclique « Dieu est amour » : « Une eucharistie qui ne se traduit pas en une pratique concrète de l’amour est en elle-même tronquée. » A sa suite je crois pouvoir affirmer que nous pouvons mesurer si nous avons bien accueillit le don qui nous est fait à l’eucharistie à l’amour que nous savons donner autour de nous au quotidien, au don de nous même que nous faisons dans l’ordinaire de nos vies.
Demandons à Dieu de nous donner de savoir accueillir le saint sacrifice de l’eucharistie, de nous en laisser nourrir, d’en entrapercevoir la richesse, et d’en vivre chaque jour dans un don d’amour.