Pendant plusieurs mois nous avons été privés de l’eucharistie, ce sacrement que nous célébrons et fêtons aujourd’hui. Dans la célébration de l’eucharistie il y a deux tables auxquelles nous sommes invités à participer. La table de la parole et la table du pain et du vin. La table de la parole est essentielle. Le partage de la parole de Dieu vient éclairer notre vie, lui donner sens, la conduire jusqu’au salut en passant par l’amour de Dieu qu’elle nous révèle et dont elle nous invite à vivre au quotidien. Cette table nous avons pu nous y assoir en priant et méditant l’Évangile seul, en couple ou en famille ou encore en écoutant un commentaire à la télé ou sur internet.
La table du pain et du vin, nous n’avons pu nous y associer que de manière spirituelle. Ne nous y trompons pas, Dieu est tout puissant et s’il peut se rendre présent dans un bout de pain, il peut venir faire en nous sa demeure, venir habiter notre cœur et nous nourrir de sa force d’amour simplement par la communion en esprit, par le simple désir que nous avions de communier à son corps. Dieu n’est pas limité par le temps et l’espace comme nous, il dépasse tout ce qui nous est contrainte. C’est nous qui avons besoin de concret. N’étant pas de purs esprits, nous avons besoin de communier concrètement, physiquement, de manger réellement son corps comme Jésus le dit dans cet évangile : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. ». Jésus nous a donné ce sacrement comme moyen unique pour nous unir à lui, pour vivre une vraie et totale communion avec lui. L’eucharistie, la communion à son corps, nous donne de le recevoir, de ne faire plus qu’un avec lui. Le Saint Curé d’Ars a dit cela de manière très imagée mais aussi très forte : « Celui qui communie se perd en Dieu comme une goutte d’eau dans l’océan. On ne peut plus les séparer. »
Ce sacrement est la nourriture de la vie de foi. Nous en avons besoin car il nous donne la grâce de vivre du Christ. Avec St Paul nous pouvons dire : « ce n’est plus moi qui vit c’est le Christ qui vit en moi ».
Si l’eucharistie nous donne de vivre du Christ, elle fait aussi de nous son corps. Nous avons tous ressentit le besoin de nous retrouver pour célébrer ensemble. La communauté, la communion commune, si j’ose dire, nous est tout aussi vitale. Nous ne pouvons être chrétiens tout seuls, nous avons besoins les uns des autres. C’est en Eglise que nous pouvons entrer en communion avec le Christ. Comme le disait le Père de Lubac « L’Eglise fait l’eucharistie et l’eucharistie fait l’Eglise » dans le sens que c’est l’Eglise qui célèbre l’eucharistie, mais c’est l’Eucharistie qui fait de nous le Corps dont le Christ est la tête, c’est-à-dire l’Eglise.
Sans oublier une troisième table de l’eucharistie qui est celle du pauvre. Le pape Benoit XVI à écrit dans son encyclique sur l’amour : « Une eucharistie qui ne se traduit pas en une pratique concrète de l’amour est en elle-même tronquée. »
Partager le pain eucharistique nous engage au partage de nos richesses avec les plus pauvres et les plus fragiles, les deux sont inséparables.
L’eucharistie est aussi la nourriture pour la vie éternelle, elle nous uni si profondément au Christ Ressuscité qu’elle nous ouvre à sa vie divine, c’est ce qu’il nous dit aujourd’hui « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. »
Je crois que l’épreuve que nous avons vécu aura été bénéfique si elle nous a permis de prendre conscience du besoin vital qu’est pour nous le fait de nous retrouver pour célébrer le Christ ressuscité, de laisser sa Parole nous éclairer et de partager son pain, c’est-à-dire communier à son corps livré pour nous, nous laisser nourrir et habités de sa force de vie. La faim du corps du Christ devrait être assez forte pour nous permettre de vivre intensément ce sacrement et de prendre tout les moyens dont nous disposons pour ne pas en être privés.
Que Dieu nous en donne la grâce.