Le dialogue qui s’instaure entre ses contemporains, ses disciples et Jésus, rapporté par Jean, se trouve encadré par deux phrases. La première au début :
« Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? » Et la deuxième en guise de conclusion : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. »
Avouons que la première n’est pas fausse. Les paroles de Jésus sont rudes, de fait. « Aimez-vous les un autres comme je vous ai aimé. » « Aimez vos ennemis, et bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous persécutent ». « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur ». « Donner à manger, à boire, vêtir, visiter les malades et prisonniers, accueillir l’étranger… chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un des ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait. » « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, et qu’il prenne sa croix; et me suive. » « Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, » et tant d’autres phrases de Jésus que nous pourrions citer…
Oui sa parole est rude. Elle n’est ni flatteuse, ni facile, ni laxiste… Elle est exigeante, difficile à entendre, et encore plus à mettre en œuvre. Le Christ a mis la barre très haute ! Et nous pouvons, comme l’étaient ses contemporains, être effrayés par une telle exigence.
Mais la question qui nous est posée est de savoir si, comme beaucoup de ses disciples, nous dit Jean, nous allons cesser de le suivre et nous éloigner de lui, ou comme les apôtres lui dire : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. »
Car oui cette parole rude est parole de vie éternelle. Le chemin du salut, le chemin du bonheur absolue, le chemin de l’épanouissement total de notre être en Dieu, est rude, difficile, pentu, caillouteux, mal aisé, mais il est unique.
Je crois qu’il n’est rien de beau qui ne soit facile. Aux jeux olympiques nous avons vu des athlètes repousser les limites des capacités d’un corps humain. Nous savons que le prix à payer, d’années d’entrainement acharné et de souffrances, pour arriver à de tels résultats. Je pense aux efforts que demande l’apprentissage d’un instrument de musique ou simplement le fait d’arriver à un col de montagne pour admirer l’autre versant. Rien de beau n’est facile, tout demande des sacrifices, du travail, de la persévérance, de la ténacité, de la fidélité.
Il en va de même pour notre salut. Nous ne pouvons espérer suivre le Christ jusque dans sa vie divine, de gloire, de joie et de paix absolue, sans effort. La marche à sa suite ne peut se vivre sur de simples « j’ai envie ou je n’ai pas envie », « je veux bien mais si c’est pas trop dur ».
Cette marche est une histoire d’amour et il n’y a d’amour que dans la volonté profonde et forte d’aimer, d’être attentif, d’être fidèle et entièrement donné à l’autre. Et rien ne tout cela ne peut être conditionné par l’envie du moment, ou la tocade passagère. Cela demande un engagement profond de toute la personne, un engagement qui conditionne tout le reste.
Le Christ nous invite tout simplement à entrer en amitié avec lui, à nous engager dans une relation d’amour, avec lui et avec nos frères, lui qui vient éclairer, guider, conduire toute notre vie dans chacun de ses espaces. C’est là le vrai chemin du bonheur, un bonheur qui ne mourra jamais.
Voilà pourquoi sa parole est rude tout en étant la parole de la vie éternelle.
Que Dieu nous accorde la grâce de le suivre sur ce chemin du salut qui est chemin du bonheur.