« À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. »
Jean-Marie Vianney, le saint curé d’Ars, que nous avons fêté cette semaine, à trois reprises fuit sa paroisse. Ses paroissiens ont du aller le chercher et le ramener de force dans leur village. Pourquoi cette fuite ? Parce qu’il avait pris au sérieux cette parole de Jésus, qu’il avait peur de ne pas être sauvé conscient de la grandeur de sa mission et de son incapacité à l’assumer parfaitement.« À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. »
Cette phrase a de quoi nous inquiéter nous aussi car nous avons beaucoup reçu. Nous avons eu la grâce de rencontrer le Dieu de Jésus Christ, qu’il fasse sa demeure en notre cœur, qu’il prenne place en notre vie. Nous avons appris à nous adresser à lui dans la prière, à nous laisser éclairer par sa Parole, à être nourris de son amour et de sa force de vie dans l’eucharistie. Sans parler de toutes les grâces qu’il nous accorde quotidiennement par la puissance de son Esprit Saint et dont nous n’avons pas toujours conscience.
Oui, il nous a été beaucoup donné et aussi beaucoup confié.
Par notre baptême, que nous soyons laïcs, religieux ou prêtres, nous sommes associés à la mission du Christ prêtre, prophète et roi. Tous prêtres car tous appelés à porter dans la prière l’humanité et ses besoins devant Dieu. Tous appelés à lui offrir la louange et l’action de grâce de nos frères et sœurs, tous appelés à participer à la prière de l’Église. Prophètes car tous appelés à annoncer l’Évangile, à témoigner autour de nous par nos actes et nos paroles de l’amour infinie de Jésus Christ pour tout homme. Roi et Reine car tous appelés à participer à la construction, à la croissance du royaume de Dieu déjà sur cette terre, royaume de justice, de paix, de partage, d’amour et de tendresse.
Il nous a été beaucoup donné et beaucoup confié et Dieu attend beaucoup de chacune et chacun d’entre nous.
Mais cela ne doit pas nous effrayer car comme nous l’a dit St Paul dans la deuxième lecture, « la foi est une façon de posséder ce que l’on espère, ».
Si la mission nous dépasse, si elle est au delà de nos propres moyens nous croyons, nous avons foi en l’amour infini de Dieu et à la force de son Esprit Saint.
Dieu n’est pas un patron qui nous donnerait des objectifs à atteindre et une obligation de résultat. Il n’est pas un manager intraitable et sans cœur. Il est un Père miséricordieux qui nous invite à faire de notre mieux, connaissant nos limites, nos faiblesse et surtout sachant que tout ne dépend pas de nous.
Faisons de notre mieux et ayons confiance en l’œuvre de Dieu dans le cœur des hommes et femmes de ce temps. Dieu ne veut pas faire sans nous mais il ne nous abandonne pas, c’est lui qui fait germer et grandir la semence qu’il nous a demandé de semer. Et même si pour un temps il nous semble que la canicule d’une culture d’indifférence étouffe et brule tous nos efforts, Dieu saura faire pleuvoir ses grâces à son heure pour que germe le grain de la Bonne Nouvelle du Salut dans le cœur de ceux qu’il nous a confié.
Soyons de bon et fidèles serviteurs, à l’image du Christ Jésus, donnons tout ce que nous pouvons dans la mission qui nous est confiée, faisons de notre mieux, sans nous tracasser du résultat qui ne dépend pas de nous. Gardons confiance dans la puissance de l’Esprit Saint qui habite le cœur de nos frères et sœurs et, n’en doutons pas, un jour le Maitre nous fera passer à table et nous servira chacun à notre tour.