A QUOI RESSEMBLE UN DISCIPLE-MISSIONNAIRE ?

Jésus envoi ses disciples en missions, pas seulement les douze apôtres mais bien 72 disciples. Donc ce qu’il leur dit s’adresse à nous aussi.
Il les envoie deux par deux nous dit Luc, et leur demande de ne rien emporter, ni bourse, ni sac, ni sandale. Ils doivent saluer les gens qui les accueillent en leur disant « paix à cette maison ». Ils doivent rester là où ils sont accueillis sans passer de maison en maison et manger ce qui leur est servit. Enfin ils sont invités à guérir les malades et annoncer le royaume de Dieu.

Nous pouvons retrouver ces mêmes éléments chez St Fleuret, dans ce que nous savons de son séjour à Estaing. Il est venu accompagné de son ami l’Abbé Clarius de St Amans de Rodez avec qui il a fait la route depuis Rome. Il a accepté l’hospitalité de son frère et a séjourné chez nous, mangeant et buvant ce qui lui était offert. Il a marqué la population par sa douceur, sa compassion, sa bienveillance, en un mot par la paix qui rayonnait de lui et qu’il leur a partagé. Il a guéri un paralysé en bénissant du pain pour le nourrir, et il fit jaillir la source à laquelle nous nous arrêterons tout à l’heure. La population a été marquée par sa manière d’annoncer la Bonne Nouvelle du salut en Jésus Christ, lui demandant de rester pour continuer à les instruire.
En fêtant ce saint, vénéré chez nous depuis des siècles, nous pouvons lui demander de nous aider à comprendre les paroles de Jésus pour devenir nous-mêmes aujourd’hui, comme lui, des disciples missionnaires.
Tout d’abord une règle : jamais seul. Nous ne pouvons être disciple missionnaire du Christ qu’en Église, qu’en lien avec la communauté paroissiale, diocésaine et universelle. Il n’y a pas de franc tireur de la mission. C’est l’Église qui nous envoie, c’est l’Église qui nous donne légitimité, c’est elle qui nous nourrit par les sacrements et qui nous garde de nous laisser entrainer par nos sentiments ou nos impressions sur des chemins dévoyés.
La pauvreté de moyen « ni bourse, ni sac, ni sandale » évoqué par Jésus nous rappelle qu’il n’est nul besoin de bagage théologique pour témoigner de sa foi, que tout baptisé est armé pour cela, l’Esprit est notre seule richesse, notre seul diplôme. Par contre cette pauvreté de moyen nous invite aussi à vivre notre mission dans la plus grande humilité. Humilité de nos prises de paroles, de nos attitudes. Humilité devant l’œuvre de l’Esprit dans le cœur de nos frères et sœurs qui seul peut les ouvrir à la Bonne Nouvelle de Jésus Christ. Humilité de celui qui se sait pécheur, toujours en marche, en pèlerinage vers la sainteté qu’il n’a toujours pas atteinte.
Accepter l’hospitalité, manger et boire ce que l’on nous donne, me semble évoquer le fait, comme l’a écrit Mgr Victor Manuel Fernandez, qu’il n’y a pas d’annonce de l’Évangile possible sans tout d’abord fonder une relation d’amitié, et d’amitié gratuite. Pour annoncer l’Évangile il nous faut d’abord manifester l’amour, la tendresse, la compassion, la bienveillance divine par notre présence et par tout notre être. C’est cette attitude fondamentale et première qui pourra rendre crédible toute parole sur le Christ et son salut.
Enfin il nous faut nous aussi « guérir les malades ». Bien entendu nous n’avons vocation à exercer la médecine, mais l’amour, l’attention, la tendresse, le soutient, la présence aimante, un sourire, une écoute attentive, un regard bienveillant… tout cela est capable, nous le savons tous pour en avoir fait l’expérience, de guérir bien des maux. Et cela nous en sommes tous capable.
Le Christ, avec les soixante douze, nous envoie en mission. Demandons à St Fleuret de nous éclairer, de nous accompagner, de nous guider, de prier pour nous, pour que nous sachions être comme lui de vrais disciples missionnaires.