Consentir…

Notre nation est bien étonnante. Notre peuple est connu pour son attachement à la liberté, pour son indiscipline, pour sa capacité à la révolte et à ne pas accepter les contraintes… et voilà qu’il se montre admirable dans l’épreuve du confinement qui nous est imposé ! Et je suis sûr que nous seront très majoritairement tout aussi sérieux dans le dé-confinement qui devrait commencer dans une semaine. Bravo les français !
Cela m’a amené à réfléchir sur le mot « consentement ».
Toute notre vie est faite d’obligation, de limites à notre liberté ou à la satisfaction de nos désirs.
Bien des choses nous contraignent et bien souvent nous n’y pouvons rien, nous n’avons pas prise sur des causes qui nous dépassent. Il y a les limites dues à l’âge, à la santé, mais aussi aux problèmes économiques et sociaux…
Face à cela nous avons plusieurs solutions. La première est la révolte, nous refusons, nous nous braquons même si cela ne sert à rien, et le découragement ou l’amertume ne tardent pas. Deuxième attitude possible : la résignation, on baisse les bras, on se soumet, et la tristesse nous envahie. Troisième possibilité, ouvrir la boite aux « si », « si j’avais fait ou pas fait », « si j’étais là ou ici »… le rêve, la nostalgie, les regrets, qui nous apportent bien souvent le désespoir, car les « si » n’ouvrent que sur le vide. Il reste le consentement. Il ne s’agit de la résignation. Si une situation peut être changée ou peut évoluer il faut y travailler de tout son cœur et de toute son énergie. Mais si la chose ne relève pas de nos possibilités il nous faut alors consentir. « Consentir consiste à accepter profondément la réalité et à la remettre à la puissance de l’action de Dieu…. Consentir n’est pas une forme de passivité : c’est un acte volontaire et courageux, totalement compatible avec un vrai travail sur les attitudes, blocages ou habitudes qui entravent notre liberté » a écrit une philosophe contemporaine Sophia Kuby . Consentir c’est donner du sens à ce que je vis plutôt que de me bloquer contre ou le subir. C’est ce que nous avons fait pour le confinement. Nous l’avons accepté et vécu parce que nous avons décidé que la santé de nos concitoyens était plus importante que notre liberté de déplacement, que la baisse de nos revenus et même que l’économie de notre pays. Nous l’avons accepté et vécu parce que nous avons su l’occuper, le positiver, le rendre fertile, productif, bénéfique.
Ce consentement que nous a appris la pandémie peut s’appliquer à bien d’autres contraintes qui entravent notre vie et surtout notre bonheur. Il est la clé de notre quête de bonheur.
Car il existera toujours une tension fondamentale entre notre désir d’infini et les satisfactions toujours imparfaites que nous pouvons trouver ici bas.
Consentir c’est aussi reconnaitre que nous ne sommes pas Dieu, que nous ne sommes pas tout puissant. C’est aussi reconnaitre que nous avons besoin de Lui, non pas pour faire à notre place ce qui dépasse nos capacités, non pas pour lui demander de combler tous nos désirs, mais pour nous donner la force d’assumer et de donner sens à ce qui nous arrive en apprenant à y voir les signes qu’il nous y fait, les grâces, les cadeaux dont il nous comble et les appels qu’il nous y lance. Dieu est présent, à nos cotés, surtout dans l’épreuve, ne l’oublions pas, et faisons lui confiance, il nous conduit au vrai bonheur, celui qui est sans limite.