« Rabbouni, que je retrouve la vue ! »
Cette demande de Bartimée résonne en moi très fortement avec l’actualité que vit notre Église de France. Le rapport Sauvé à propos des crimes commis sur des enfants ainsi que l’année de l’Esprit Saint voulu par notre ancien évêque qui rejoint l’appel de notre Pape à entrer en démarche synodale, à construire une Église synodale.
Face à tout cela, je crois qu’il nous faut nous aussi demander à Dieu de nous rendre la vue, d’ouvrir nos yeux.
Ouvrir nos yeux sur la souffrance des victimes et de leurs familles, souffrance que trop longtemps l’Église n’a pas su ou voulu voir.
Ouvrir nos yeux sur ces crimes, sans chercher d’excuses ou d’échappatoire, et ne plus jamais protéger leurs auteurs mais bien au contraire les confronter à la justice des hommes, et les empêcher de nuire.
Mais demander à Dieu de nous guérir de notre cécité passée ne suffit pas.
Demandons lui aussi d’ouvrir nos yeux sur ce que nos contemporains attendent de notre Église. Surement qu’elle soit plus proche, plus simple, plus pauvre, plus miséricordieuse. Moins moralisante et plus à l’écoute des souffrances et attentes des femmes et hommes de ce temps.
Que Dieu nous ouvre les yeux sur les changements qu’il attend dans l’organisation, la gouvernance de notre Église. Nous sommes les héritiers d’une longue histoire. Mais ce qui était bon pour hier ne l’est peut être plus pour aujourd’hui. Bien des choses ont changées dans notre monde et il est surement temps que notre Église accepte de changer elle aussi. Revoir la place des femmes, la sacralisation de la fonction de prêtre, une gouvernance moins descendante, plus d’écoute des chrétiens de la base, et bien d’autres sujets.
Que le Seigneur ouvre nos yeux sur les changements à faire. Qu’il nous aide à renoncer définitivement à cet argument combattu fortement par notre pape François du « on a toujours fait comme ça!» source d’aveuglement et de régression plus que d’immobilisme.
« Rabbouni, que je retrouve la vue ! »
Cette guérison est à souhaiter et demander pour notre Église et donc pour chacun d’entre nous.
Car chacun peut entrer dans cette nouvelle façon de vivre en Église que nous propose le pape François avec la synodalité. Il s’agit de marcher ensemble en cherchant ce que l’Esprit Saint dit aujourd’hui à notre monde à travers sa Parole mais aussi dans la parole de chacune et chacun d’entre nous, et de tous nos contemporains croyants ou non. Personne n’a le monopole ou l’exclusivité de l’Esprit Saint, il souffle où il veut, dans le cœur de tous.
C’est un souci de communion dont personne n’est exclu et surtout pas les plus petits et les plus faibles.
C’est une conscience collective et personnelle que nous sommes tous responsables, tous appelés à participer à la mission de l’Église aujourd’hui.
Enfin, avec Bartimée, demandons à Dieu d’ouvrir nos yeux sur tout ce qui est beau aujourd’hui dans notre Église et dans notre monde. Même si nous vivons une crise terrible il se passe des choses merveilleuses autour de nous. L’Évangile est annoncé et vécu par des femmes et des hommes, des enfants et des jeunes. Dieu est reconnu, aimé, loué par beaucoup. Sachons les reconnaitre et nous en émerveiller pour que l’Espérance reste ferme en nos cœurs.
« Rabbouni, que je retrouve la vue ! » Que nous retrouvions tous la vue.