Jésus amène avec lui Pierre, Jacques et Jean sur la montagne pour leur révéler sa divinité. C’est sur la montagne du Sinaï que Dieu a montré son visage à Moïse alors qu’il lui donnait les dix commandements. C’est sur la montagne que le prophète Elie reconnaitra Dieu dans le souffle d’une brise légère et qu’il passera devant lui. Eux seuls ont vu Dieu de leur vivant. « Tu ne pourras pas voir ma face, car l’homme ne peut me voir et vivre. » dit Dieu dans le livre de l’Exode.
On comprend la grande frayeur de Pierre et ses compagnons.
Alors comment réagir ? Pierre prend la parole : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
Alors qu’il voit Jésus dans sa divinité, qu’il voit Dieu face à face, Pierre propose de dresser un campement, il se propose de mettre à l’abri Dieu, Moïse et Elie ! Qu’ils puissent rester ensemble à discuter en toute sécurité, à l’abri des intempéries. Cela peut nous paraitre ridicule, et il faut bien reconnaitre que ça l’est un peu, d’ailleurs Marc écrit : « De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande. » Mais on peut comprendre Pierre. Il se situe au niveau qui est le sien, au niveau de l’humain, du terrestre, du concret de la vie. Comment pourrait-il faire autrement ?
Et s’il avait raison ?
Nous non plus nous ne pouvons pas voir Dieu face à face sans mourir. Nous non plus nous ne pourrions voir la gloire de Dieu. Et c’est bien à cause de cela qu’il s’est fait l’un de nous. Dieu s’est rendu visible aux yeux des hommes en Jésus. C’est sur son visage que nous pouvons reconnaitre celui de Dieu. C’est dans ses paroles que nous pouvons écouter Dieu. C’est dans ses actes que nous pouvons découvrir qui est Dieu. « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » dit la voix qui surgit de la nuée.
Et si le carême était un temps privilégié pour voir le visage de Dieu, pour écouter sa Parole, pour le découvrir ? Pour cela ne succombons pas à la tentation de nous évader ailleurs que dans notre quotidien, dans l’ordinaire de notre quotidien. Car c’est bien là qu’il se révèle à nous, comme il s’est révélé dans le quotidien de Pierre, Jacques et Jean au bord du lac de Tibériade.
Essayons d’être plus attentifs à lire et prier sa Parole dans les Evangiles. Prenons le temps de les lire et de la méditer pour entendre ce qu’ils disent à notre vie de tous les jours. Venons rencontrer Dieu qui se donne à nous dans l’Eucharistie. Laissons-nous aimer et réconcilier par lui dans le sacrement du pardon. Mais aussi ouvrons l’œil, soyons à l’affut de tout les signes qu’il nous fait à travers nos frères, dans le quotidien de nos vies. Dieu qui habite leur cœur comme le notre, nous invite, nous questionne, nous appelle. Il s’adresse à nous, il veut avoir besoin de nous. Ouvrons nos cœurs à sa présence en nos frères les hommes et femmes de ce temps, et pas seulement ceux que nous chérissons, ceux avec qui nous sommes bien, mais aussi les autres sans distinction aucune.
Oui il nous faut planter trois tentes : celle de l’écoute de la Parole, celle des sacrements et de la prière, celle de l’écoute de nos frères et sœurs. C’est là que Dieu se révèle à nous.