L’actualité de notre monde semble marquée profondément, comme tout au long de son histoire, par la violence. Violence de la guerre en Ukraine et ailleurs, violence dans les manifestations, violence verbale des discours politiques, violence économique et sociale, violence familiales…
En ces jours nous méditons les dernières heures de Jésus qui lui aussi fait face à de multiples violences. Violence psychologique au jardin des oliviers, violence de son arrestation, du tribunal, des soldats qui l’insultent, le battent, le flagellent, violence de l’abandon de ses amis, de leur trahison et reniement, violence de la mort sur une croix.
Pourquoi tant de violence ?
Le dominicain Adrien Candiard écrit : « Quand l’amour le plus pur est reçu, il fleurit en joie et en gratitude ; quand il n’est pas accepté, il est proprement insupportable, et on cherche à s’en débarrasser par tous les moyens. Voilà pourquoi la vie du Christ aboutit nécessairement à une crise dramatique : l’amour de Dieu offert gratuitement aux hommes conduit nécessairement à la croix » Et sur la croix ce sont tous ces refus d’amour qui ne cessent de défigurer le monde, l’égoïsme, l’ambition et l’avidité qui sont comme rassemblés, résumés.
Jésus subit tant de violence parce qu’il a voulu révéler au monde l’amour infini et universel de Dieu, sa tendresse, sa miséricorde, sa compassion pour toute personne, un amour qui dépasse la loi et tous les interdits. Un tel amour questionne fortement le pouvoir établi qu’il soit politique ou religieux, il est donc inacceptable pour certains, il ne pouvait donc conduire qu’à sa condamnation et la mise à mort de Jésus.
Dans toute son attitude face à cette violence Jésus continue de nous révéler le visage de Dieu et le chemin de vie et de bonheur qu’il nous propose.
Lui qui a guéri le lépreux, rendu la vue à l’aveugle, l’usage de ses jambes au paralytique, qui a calmé la tempête, il aurait put utiliser sa puissance pour éviter la violence et la souffrance dont il est victime. Il a fait un autre choix. Il renonce au pouvoir, à la puissance, à la force pour épouser la fragilité des plus petits d’entre nous. Et il nous dit ainsi que notre avenir, notre salut, notre vie, notre victoire ne se gagne pas par une manifestation de puissance et de force mais bien dans la fragilité. C’est elle qui nous ouvre un avenir. La seule puissance de Jésus à l’heure de sa passion c’est celle du don, celle de donner sa vie, de se donner lui-même. C’est dans cette fragilité extrême qu’il nous révèle sa Bonne Nouvelle, c’est d’elle que jaillira la Vie au matin de Pâques, c’est en elle que nous sommes associé à sa mort et à sa résurrection et qu’il nous est donné de vivre un jour de sa vie divine, vie de paix, de joie absolue.
La vraie puissance est celle de l’amour révélé dans la fragilité extrême. L’ordre du monde est renversé, comme le chante Marie dans son Magnificat « Il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. »
Rendons grâce à Dieu pour ce pouvoir infini de l’amour total et parfait qu’il nous donne. Ne rêvons plus de puissance pour nous même ou pour notre Eglise. Vivons nos fragilités comme chemin de salut, comme un avenir qui s’ouvre à nous. Avec Jésus nous pouvons tout traverser, même le pire. Il nous conduit à son Père et à sa Gloire.