« Revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil » nous dit Dieu par la voix du prophète Joël. Revenir à Dieu, voilà bien ce à quoi nous invite le temps de carême. Un temps pour ouvrir notre cœur à Dieu, pour nous rapprocher de lui, pour nous laisser éclairer, réconcilier, nourrir par lui.
Je me suis demandé en méditant la Parole de Dieu ce matin, ce que ce carême pourrait bien avoir d’original. L’an dernier nous l’avons vécu dans un confinement strict. Cette année c’est sous le couvre-feu à 18h. Et si cela était une chance à saisir pour vivre un vrai carême ? Le fait d’être chez nous si tôt avec impossibilité de sortir, devrait nous donner du temps libre, du temps disponible que nous pourrons consacrer à Dieu. Du temps pour un vrai carême. Profitons du couvre-feu pour chaque soir entrer dans une véritable démarche de conversion, de retour vers Dieu.
Jésus nous donne trois clés pour cela, le jeûne, la prière et l’aumône.
Le jeûne, la privation de nourriture, consiste, dans un premier temps, à vérifier ce qui dans notre vie est consommé en excès. Ce peut être de la nourriture, des boissons, mais aussi de la télé, du Smartphone, de l’ordinateur, des jeux… que sais-je. Repérer ce qui est en trop pour essayer de s’en passer un peu pendant le carême, pour libérer notre cœur et notre vie de cet excès, pour lui permettre de mieux respirer. On peut aussi réfléchir à notre manière de consommer, d’acheter. Il semble parfois qu’en occident l’achat de bien de consommation et une thérapie, une compensation, un doudou qui nous aide à mieux vivre, à nous consoler, à nous rassurer. Comme si consommer pouvait rendre plus heureux. Le carême peut-être aussi un temps pour réfléchir à notre rapport à la surconsommation.
Jeûner, se priver un peu pour laisser de la place à une autre nourriture, celle de la Parole de Dieu. Pour quoi ne pas lire l’évangile de Marc, qui est l’évangile de cette année liturgique, ou les Actes des Apôtres, ou un livre de spiritualité ? Notre foi a besoin d’être nourrie. Ce temps de carême est une occasion formidable.
Dégager du temps pour prier, pour ouvrir notre cœur à Dieu, pour lui partager simplement nos joies, nos peurs, nos désirs, nos questionnements. Lui partager tous ce qui occupe ou préoccupe notre cœur. Nous ouvrir à lui comme à un ami, lui demander son aide, sa lumière, sa force, le remercier, le louer, lui exprimer notre amour et notre confiance. Voilà ce que Dieu attend de nous en ces temps difficiles, que nous sachions nous tourner vers lui, et lui redire que nous comptons sur lui, que nous ne pouvons vivre sans lui.
L’aumône est le fait de partager avec les plus pauvres. Une aumône qui ne soit pas que symbolique mais qui nous engage vraiment. L’aumône dont nous parle Jésus c’est aussi être attentif à ceux qui nous entourent, à faire grandir la paix et la justice autour de nous, être à l’écoute, prêt à rendre service, le cœur en éveil aux besoins et attentes de nos frères.
Le carême n’est pas un temps de tristesse, bien au contraire. C’est un temps ou la joie, la vraie, peut grandir en nous car nous lui laisserons la place en éliminant tout ce qui nous encombre intérieurement. C’est un peu un temps de grand ménage où l’on rend notre maison intérieure plus propre, plus ouverte, plus lumineuse, plus belle et plus accueillante.