Guérison et témoignage

Aujourd’hui Marc nous donne à entendre la rencontre entre un lépreux et Jésus. Rencontre étonnante, surtout à mon avis, par l’attitude du malade.
A l’époque de Jésus la lèpre est une maladie perçue comme impure car, d’après les rabbins, c’est une punition divine en raison de péchés graves. C’est une maladie qu’on ne sait pas soigner et qui exclue le malade de toute vie sociale et religieuse pour éviter la contamination, comme l’a décrit la première lecture citant un passage de la loi juive. Seul Dieu peut soigner ou plus exactement purifier de cette terrible maladie.
Quand le malade s’approche de Jésus il tombe à genoux et lui dit « si tu le veux, tu peux me guérir »

Cet acte de foi est admirable. Il ne demande pas directement la guérison, il ne réclame pas, il n’exige pas, non il s’en remet à la volonté de Jésus qu’il reconnait comme Dieu puisqu’il le dit capable de le soigner.

« Si tu le veux ». Voilà des mots qui devraient habiter toutes nos prières, toute notre attitude devant Dieu. Face à lui nous ne pouvons réclamer, exiger quoi que ce soit. Il ne nous doit rien ! Nous pouvons seulement, comme le lépreux de l’Évangile, nous en remettre à sa volonté en faisant confiance à son amour infinie, à sa miséricorde absolue.
« Si tu le veux », ces mots nous rappellent ceux de Jésus, voyant sa mort atroce approcher, et priant son Père au jardin des oliviers : « Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ! »
Ces mots nous rappellent aussi ceux que nous prononçons dans la prière du Notre Père que nous a donné Jésus : « Que ta volonté soit faire sur la terre comme au ciel. »
Oui c’est bien là le cœur de la prière de Jésus et de la prière de tout chrétien, parce que c’est l’attitude de foi par excellence. Vouloir pour soi et pour le monde ce que Dieu veut et que sa volonté seule guide nos paroles et nos actes.
Autre attitude étonnante du lépreux, après sa guérison, alors que Jésus lui avait demandé de ne rien dire à personne, Marc écrit « cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle. ». Si Jésus demande le silence c’est parce qu’il craint qu’il y ait confusion sur sa mission, il n’est pas venu jouer les médecins miracle, il est venu sauver le monde par le don de sa vie, et cela ne sera révélé que sur la croix et au matin de Pâques. S’il soigne des malade c’est simplement et uniquement parce qu’il est littéralement pris aux entrailles, touché au plus profond de lui par la détresse et la confiance de cet homme.
Mais le malade purifié ne peut retenir sa joie et sa reconnaissance et il proclame à qui veut l’entendre ce que Jésus a fait pour lui.
Puissions-nous nous aussi proclamer tout ce que Dieu fait pour nous, la joie qu’il met dans nos cœurs, les grâces qu’il nous accorde. Annoncer l’Évangile ce n’est pas donner des interdits et des obligations, ce n’est pas dire des « il faux » ou « il ne faux pas », mais bien témoigner de l’action de Dieu en nos vies et autour de nous, témoigner de toutes les merveilles qu’il fait en nos vie et dans le monde. Et qui sait si le monde en a tout particulièrement besoin en ce temps de crise. Le mot Evangile veut dire Bonne Nouvelle, à nous de l’annoncer comme tel en témoignant de ce qu’il nous apporte comme joie, comme paix, comme force.