Jésus bouscule les marchants du temple. Quand les responsables du lieu lui demandent de justifier de son geste il répond « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » Ils ont du éclater de rire ! « ll fallu quarante six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverai ! »
Incompréhension totale entre Jésus et ses interlocuteurs. Ils ne se comprennent pas parce qu’ils ne parlent pas de la même chose. Les pharisiens et scribes à qui il s’adresse pensent au bâtiment du temple de Jérusalem qui est pour eux le lieu le plus saint qu’il soit puisque Dieu y habite. Il est le lieu où Dieu rejoint les hommes. Comme la tente qui, au désert durant l’exode, contenait l’arche d’alliance, sur l’esplanade se trouve le saint des saints, un petit bâtiment, dix mètres carré, dans lequel nul ne peut entrer si ce n’est le grand prêtre une fois par an. Ce Sanctuaire, lieu sacré par excellence, est fermé par un rideau qui en interdit l’accès et cache l’intérieur. Dieu y habite, personne ne peut le voir sans mourir. Au chapitre 27 de son Evangile Matthieu écrit qu’au moment de la mort de Jésus se rideaux s’est déchiré de haut en bas.
Avec Jésus vivant au milieu des siens, mourant sur la croix, le lieu de la présence de Dieu parmi les hommes n’est plus le temple de Jérusalem mais sa propre personne. Il est l’être sacré, le saint des saints qui nous donne de rencontrer Dieu. En lui Dieu vit, parle et agit au milieu de nous.
A la résurrection, après les trois jours au tombeau, son corps est relevé, ressuscité, et il donne son Esprit Saint à ses apôtres. Quand son corps physique n’est plus visible à nos yeux c’est son Esprit, le souffle, la force et la vie même de Dieu qui vient nous habiter. Le sanctuaire, le lieu sacré c’est maintenant tout homme en qui Dieu habite par son Esprit Saint.
Seule donc est sacrée la vie des femmes et des hommes de ce temps. Il n’est plus question d’offrir des animaux en sacrifice au temple de Jérusalem comme à l’époque de Jésus, mais de servir Dieu dans son nouveau sanctuaire, c’est à dire en tout homme. Et en particulier en celui qui a faim, qui a soif, qui est nu, qui est malade en prison ou étranger comme nous l’a dit Jésus au chapitre 25 de Matthieu. « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ses plus petits de mes frères c’est à moi que vous l’avez fait ».
Bien sûr il nous faut pour cela nourrir cet amour à la table de l’eucharistie et dans le dialogue de la prière. Il nous faut laisser Dieu nous éclairer dans la méditation de sa Parole. Mais nous ne pouvons servir Dieu autrement qu’en servant nos frères. Ils sont le seul lieu saint, sacré où nous pouvons lui offrir un sacrifice qui lui plaise.
Le temps du carême est un temps privilégié pour nous rappeler cela et pour prendre résolument le chemin de ce service. Sinon notre Pâques serait comme le temple de Jérusalem encombrée de bien des choses inutiles que Jésus pourrait renverser et il lui manquerait l’essentiel, la seule que Dieu attend de nous, cet amour donné à tous ceux qui en ont besoin autour de nous et dans le monde. Et Dieu sait qu’en cette période de pandémie les besoins son immenses.
Qu’en ce carême 2021 Dieu nous donne de lui offrir le sacrifice qu’il aime, le service de nos frères.