Seuls les actes donnent crédibilité…

« Vous êtes le sel de la terre… vous êtes la lumière du monde. » Ces paroles de Jésus peuvent faire naitre en nos cœurs la juste  fierté d’être ses disciples mais comme nous le savons tous, il n’est pas loin entre la fierté et l’orgueil.
Les deux images prises par Jésus doivent nous mettre en garde. Le sel est précieux, il donne du gout, il relève les saveurs des aliments, mais s’il est surabondant il peut gâcher le plat et même le rendre immangeable. De même quand Jésus parle de lumière, il évoque la lampe que l’on met sur le lampadaire, à son époque la petite flamme d’une lampe à huile et non un spot de plusieurs centaines de Watt. Une lumière qui donne à voir et à reconnaitre, qui éclaire, qui rassure mais qui n’éblouit pas.

Jésus nous invite donc à témoigner de notre foi sans peur ni fausse pudeur, en ne prenant pas le risque d’affadir son message, mais il veut que nous le fassions en évitant de choquer  ou de provoquer le rejet. Nous savons qu’il est des manières de parler de sa foi, d’afficher nos convictions, aussi justes soient-elles, qui peuvent heurter, et même faire fuir ceux à qui nous nous adressons.
Pour que le sel de notre témoignage ne  le rende pas immangeable, pour que la lumière de notre foi ne soit éblouissante au point d’obliger de détourner le regard, il nous faut surement une très grande attention à l’autre, à celui à qui nous nous adressons, le connaitre, l’avoir écouté, être assez proche de lui pour adapter la dose de sel et l’intensité de la lumière.
St Paul dans la deuxième lecture nous éclaire sur le sujet.  «  C’est dans la faiblesse, craintif et tout tremblant,  que je me suis présenté à vous. Mon langage, ma proclamation de l’Évangile, n’avaient rien d’un langage de sagesse qui veut convaincre. »
Avoir conscience de notre faiblesse, que nous ne vivons pas nous même  de manière exemplaire la Parole que nous annonçons ;  craindre et trembler de ne pas savoir témoigner, de ne pas trouver les mots et l’attitude justes et vrais ; ne pas chercher à convaincre mais simplement offrir, partager une expérience de la rencontre du Dieu de Jésus Christ. Voilà bien un chemin plein de sagesse que Paul nous offre et qui rejoint l’image du sel et de la lumière donnée par Jésus.
Nous voilà donc en recherche d’un équilibre, toujours fragile, entre oser dire, ne pas mettre sous le boisseau notre foi, et en même temps veiller à adapter notre témoignage aux personnes à qui nous nous adressons en cherchant la manière et le contenue qui pourra toucher leur cœur sans les effrayer ou les faire fuir.
Et n’oublions jamais la dernière phrase de Jésus dans cet évangile « alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. »  Il ne nous invite pas au discours, aux explications, aux cours de théologie ou de morale, mais bien au témoignage dans les actes, « ce que vous faites de bien. » Seuls les actes donnent crédibilité aux paroles, ils sont seuls à pouvoir confirmer la justesse de nos dires. Témoigner c’est avant tout aimer, d’un amour à l’image de celui de notre Dieu, un amour plein de miséricorde, qui ne juge pas, mais qui est toujours bienveillant, qui voit ce qu’il y a de beau en l’autre et qui pardonne ce qui l’est moins. Un amour attentif aux attentes, aux besoins de l’autre, un amour qui reconnait ce que l’Esprit fait déjà dans son cœur.
Demandons au Seigneur d’être par nos paroles mais surtout par nos actes et attitudes le sel et la lumière pour tous ceux qu’il nous donne de rencontrer.