Chers paroissiens,
Le confinement, malgré tous ses inconvénients, m’aura permis de passer un peu plus de temps sur mon saxo. Et oui, pour ceux qui ne le savent pas, je suis musicien amateur, très amateur, et je joue au sein d’un orchestre de copains. Je puis vous dire que travailler seul son instrument ne procure pas le même plaisir que de jouer en orchestre. Plus de plaisir c’est sûr mais aussi plus d’exigences. Pour interpréter ensemble une même partition, il faut que chacun l’ait travaillé un peu avant, il faut suivre le même rythme, écouter et faire attention aux autres, pour par exemple si la clarinette ou le violon à la mélodie et moi l’accompagnement, jouer plus piano, moins fort, pour que sa partie ressorte et soit plus clairement entendue puisqu’elle est la plus importante. Vous vous demandez ce que vient faire ce « cours » de musique dans mes lettres de confinement ? C’est qu’en y pensant j’y ai vu un des éléments qui me semblent essentiels pour notre vie chrétienne. En effet à l’heure où nous ne pouvons encore nous réunir pour célébrer l’Eucharistie et communier au corps du Christ, il me semble qu’il nous faut faire un effort pour être vraiment en communion les uns aux autres, pour être le Corps du Christ qu’est l’Eglise comme le dit St Paul. Que notre « commune-union » soit plus forte que jamais. Elle nous permettra de vivre du Christ même si nous ne pouvons, pour un temps, communier à lui dans l’eucharistie.
Si nous voulons que notre vie communautaire, fraternelle, familiale mais aussi sociale soit de plus en plus harmonieuse il me semble qu’il faut appliquer les mêmes règles qu’en musique.
Il est important que chacun joue sa propre partition avec conviction et dans le souci de faire toujours mieux. La partition de chacun c’est sa mission, celle d’époux, de parents, d’enfants, ses responsabilités dans le travail ou dans les associations, mais aussi les engagements au sein de notre Église, aussi humbles soient-ils.
Dans un orchestre il n’y a pas de partitions plus importantes que d’autres car même le soliste, sans l’accompagnement, sa partition perd sa grandeur et sa profondeur. Dans la vie il en est de même, on a besoin de tout le monde même de ceux qui se font le moins remarquer.
Veiller à jouer au même rythme. Il est si facile pour certains de partir vite devant en oubliant ceux qui ont du mal à suivre, ou à d’autres de trainer les pieds pour laisser faire les autres…. Attendons nous, marchons ensemble à la suite du Seigneur au tempo du cœur de Dieu qui est toujours miséricorde, patience et tendresse.
Enfin écouter les autres, être attentif à ce qu’ils disent, ce qu’ils proposent, ce qu’ils initient, ce qu’ils demandent, ce qu’ils pleurent… Écouter pour nous ajuster, nous harmoniser, le plus possible à eux. Écouter battre le cœur de Dieu dans ce qu’ils vivent ou disent et qui est richesse infinie, lumière et force pour nous.
Jouer en harmonie, en communion, ce n’est pas jouer fort, avec puissance, ce n’est pas dominer les autres, ou démontrer que l’on peut jouer plus vite qu’eux. La musique est faite de silence et de nuances. Sans cela elle ne touche le cœur ni des musiciens ni des spectateurs.
Leonardo Boff à propos de la Trinité à écrit : “Il y a trois personnes et une communion…” Voilà la formule la plus correcte pour représenter le Dieu chrétien. Aucune personne divine n’existe pour elle seule. Elles sont toujours et éternellement des personnes en relation… Ainsi le Dieu chrétien est un processus d’effusion, de rencontre, de communion entre des êtres liés par la vie et par l’amour. »
Pour que notre chant de la Vie soit harmonieux, pour que notre communion soit à l’image de la Sainte Trinité, il est important de nous attendre, de nous entendre, en donnant chacun le meilleur de nous même. Il me semble qu’en se temps de pandémie, c’est ce dont le monde à le plus besoin.
Le plus harmonieusement possible
Père Jean-Luc Barrié
Le plus harmonieusement possible
Père Jean-Luc Barrié