Dans le journal Lacroix, j’ai lu qu’un auteur vient d’écrire un livre dans lequel il se demande quel avenir peut avoir l’Église catholique en France. Il signale que seulement 2% des français pratiquent tous les dimanches, que l’unité de base du système pastoral n’est plus le village mais le canton ou plus large encore, que l’avenir de l’Église est dans les villes et que la présence dans le rural se fera de manière épisodique.
Cette analyse sociologique vaut ce qu’elle vaut mais, me semble-t-il, elle nous pose la question de savoir sur quelle espérance nous pouvons nous appuyer pour vivre notre foi dans nos villages ruraux.
Je crois que la réponse nous est donné dans la question de Jésus : «Pour vous, qui suis-je ? »Pour nous qui est Jésus ? Quelle place tient-il dans notre cœur, dans nos journées ? Quelle place dans mon agenda ? Qui est-il pour moi, un ami, un guide, un soutient, une force, une lumière ? Est-ce que je compte sur lui pour me guider, éclairer mes choix, mes paroles et mes actes, pour me porter, me fortifier, me guérir ?
« Pour vous, qui suis-je ? » Tel est bien la seule question qui compte. Notre Église rurale vivra tant que des hommes et des femmes, des enfants, des jeunes et moins jeunes accepterons de se poser cette question. Car n’oublions jamais que Jésus nous a dit « La où deux ou trois sont réunis je suis au milieu d’eux ». Il n’est pas besoin d’être aussi nombreux qu’hier pour faire Église. Deux ou trois ce n’est vraiment pas beaucoup. Et sur quel village ne trouverons nous pas ces deux ou trois personnes ? Nous les dépassons très largement simplement dans les inscriptions au catéchisme.
Donc l’Église a un avenir chez nous.
Cet avenir sera, c’est certain, humble et pauvre.
Mais la foi est-elle nourrie d’orgueil et de richesse ? Notre Église ne doit-elle pas être à la suite de Jésus empreinte d’humilité et de pauvreté ?
Dieu nous a rejoint en notre humanité par une naissance dans une étable et il nous a sauvé par la mort de son Fils nu sur la croix. Qu’y a-t-il là de riche et de fier ?
Dans la situation qui est la notre il nous est par contre indispensable, d’oublier, de rejeter, de nous interdire tout esprit de nostalgie, de jérémiade et de disputes. Pour faire Église dans l’humilité et la pauvreté il nous faut apprendre au contraire à reconnaitre tout ce que le Seigneur nous donne de vivre ensemble, même si c’est imparfait, même si c’est tout petit, même si cela ne fait pas de bruit. Ce sera bientôt l’époque de la recherche des champignons, il faut pour les trouver être très attentif à tous les signes révélateurs de leur présence. Soyons aussi attentifs à tout ce qui se vit de beau au sein de notre Église paroissiale, au sein de notre petite communauté, le dévouement des uns et des autres, les actes de solidarité, les gestes de fraternité, les petits services rendus si discrètement, les sourires, la présence même épisodique d’enfants ou de jeunes, etc….
Il nous faudra aussi surement trouver d’autres moyens que la messe pour nous retrouver et faire Église, comme des rencontres de prières ou de partage d’Évangile. Alors ouvrons nos cœurs aux propositions qui nous sont faites et ensemble nous pourrons avancer vers un avenir que Dieu veut créé pour nous. Soyons confiant en son amour, sa miséricorde. Il est avec nous jusqu’à la fin des temps, il ne nous abandonnera pas. Tel est notre espérance.