« Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. »
C’est à la fin de cette semaine qui a vu le jugement des bourreaux du Père Jacques Hamel, qu’il nous est donné d’entendre cet Evangile. Quelques jours après l’assassinat du père Jacques un responsable politique m’a dit combien il avait été émerveillé par la réaction des chrétiens. Il s’attendait, et avec lui beaucoup de personnes, à des appels à la vengeance, à ce que des mosquées soient incendiées, à des violences sur les personnes. Rien de tout cela. Nous nous sommes retrouvés, nous avons priés. A la cathédrale, la messe pour le père Hamel a rassemblé un très grand nombre de chrétiens mais aussi de musulmans et de jeunes musulmans venus nous dire leur solidarité, leur peine, leur souffrance de voir leur religion utilisée pour justifier l’injustifiable, nous dire leur solidarité et leur estime.
« Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. » Ces paroles de Jésus ne sont pas utopie, lâcheté, ou démission. Bien au contraire elles sont prophétiques. Elles nous donnent la juste réponse à la violence et à la haine. Jésus sait que la loi du talion « œil pour œil, dent pour dent » ne fait qu’instaurer une spirale de vengeance et de représailles qui ne peuvent que conduire à la catastrophe et des souffrances toujours plus grandes. La violence et la haine ne sont pas une solution. Dans notre société où nous voyons cette violence dans la rue, dans la vie économique, et même dans le dialogue politique, qu’elle soit verbale, physique ou psychologique, Jésus ne nous demande pas de ne pas nous en protéger mais de ne pas y répondre par une autre violence. Il nous invite à nous mettre à l’école de son Père qui est « bon pour les ingrats et les méchants. » « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. »
L’amour auquel nous invite Jésus n’est pas simple élan du cœur, émotion, affection naturelle pour quelques personnes qui le mériteraient, non il est bien plus que cela. Il est volonté d’aimer à la manière du Père. Il est volonté de miséricorde et de pardon. Il est écoute de l’autre, de ses souffrances, de ses difficultés, de ses incompréhensions. « Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et l’on vous donnera. » Voilà la réponse que Jésus a faite à ses propres bourreaux sur la croix, voilà la réponse qu’il nous demande de donner nous aussi. Nous savons que Dieu ne nous ferme jamais son cœur même quand nous nous détournons de lui, même si nous le trahissons. Il attend et désire notre retour pour nous combler de son pardon. Dieu ne nous juge pas il nous pardonne, il ne nous condamne pas il nous sauve, il ne nous demande rien il nous donne tout. Tel est le chemin du véritable amour.
Je le redis, cela n’est pas faiblesse, démission ou utopie, c’est prophétique, c’est la seule manière d’enrailler la spirale de la violence et de la haine. L’amour est plus fort que la haine comme la vie est plus forte que la mort. Le pardon est plus fort que le péché. La miséricorde est d’une puissance infinie car elle est l’amour infini de Dieu.