Face à la femme adultère Jésus met en œuvre la miséricorde qu’il nous a décrite dimanche dernier dans la parabole du fils prodigue. « Moi non plus, je ne te condamne pas. ». Dieu ne condamne pas, il ne juge pas, il pardonne, il remet debout, il donne un surcroit de vie, il nous rend une totale confiance malgré nos infidélités. En ces temps difficiles il nous est bon de le réentendre.
Arrêtons-nous aussi, sur la réponse que Jésus fait à ceux qui lui tendaient un piège en lui demandant s’il faut obéir à la loi de Moïse qui demande à ce que l’on tue par lapidation les femmes prises en flagrant délit d’adultère. Il désarme ses adversaires en quelques mots : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. ». Jésus les renvoie à leur propre situation de pécheurs, situation qui ne les rends plus légitimes pour juger et condamner qui que ce soit. Dieu seul est parfait, lui seul est saint, lui seul connait le cœur de l’homme, lui seul peut juger et il s’y refuse !
Ce dimanche est celui de l’appel du CCFD Terre Solidaire, l’organisme que les évêques de France se sont donné pour la solidarité avec les plus pauvres et pour nous aider à vivre, dans le carême, l’effort de partage.
Cette année le slogan du CCFD est «Nous habitons tous la même maison » qui reprend les mots mainte fois répétés dans son encyclique « Laudato si » par notre pape François qui parlant de la terre l’appelle « notre maison commune ». Une maison qu’il nous faut préserver, soigner, en corrigeant notre sur- exploitation de ses richesses, vivre un meilleur partage de ses mêmes richesses, éviter le réchauffement climatique catastrophique pour les pays du sud…
A ce propos j’entends que tout le monde a son opinion sur les responsables de la dégradation de la maison commune. Pour certain c’est l’élevage, pour d’autres l’industrialisation, pour certains la voiture et les avions, pour d’autres encore internet. Mais chacun semble pouvoir désigner les coupables, ceux qui devraient changer leur façon de faire. « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. »
Peut-être nous faut-il, avant de juger nos frères, regarder ce que chacun peut faire, à quel renoncement il doit consentir, à quoi doit-il renoncer pour apporter sa pierre à la réparation et préservation de la maison commune.
De même quand nous parlons de l’aide à apporter aux plus pauvres ici et ailleurs dans le monde. J’entends des réflexions du style « ils n’ont qu’à se prendre en main… moi on ne m’a pas aidé… qu’ils restent chez eux… ils sont trop assistés… ils profitent de notre générosités…»
« Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. »
Qui suis-je pour juger ? Est-ce que Jésus prononce de telles paroles face aux pauvres, aux malades, aux lépreux qu’il rencontre ? Non. Jésus nous montre un visage de miséricorde absolu, sans limites, sans restrictions, sans conditions. Nous ne pourrons, bien entendu, jamais atteindre une telle perfection mais nous pouvons tenter de nous laisser toucher au plus profond de notre cœur par les appels qui nous sont lancés et d’y répondre de notre mieux en osant sortir de notre petit confort pour donner de nous même, de nos biens, de notre superflu. Et avant tout en nous gardant de juger nos frères.
Que Dieu nous en donne la grâce.