Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. » nous dit Jésus. Et en méditant cette parole j’ai, comme vous, pensé aux vignerons de notre paroisse et des paroisses voisines qui ont subi après des chaleurs trop précoces, des gelés si fortes qu’ils ont vu le travail d’une année anéantis en quelques nuits. Nous les portons aujourd’hui dans notre prière et leur disons notre solidarité.
Jésus est né et a vécu dans un pays de vigne, il sait le travail que représente cette culture, et combien elle dépend des aléas de la météo.
« Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. » nous dit-il. Cela a du paraitre très étonnantes à ses contemporains. Car dans l’Ancien Testament l’image de la vigne est utilisée pour le peuple d’Israël dont Dieu est le vigneron. Nous retrouvons cela dans les psaumes et chez les prophètes. Ici Jésus se dit être lui-même la vigne et nous désigne comme ses sarments ce qui veut dire qu’il fonde un nouveau peuple de Dieu en sa personne.
S’il est la vigne et si nous sommes ses sarments, cela veut dire que nous sommes attachés à lui de manière vitale, essentielle. Le sarment séparé du cep sèche et meurt car il trouve sa vie en lui, c’est la sève que lui donne le cep qui permet au sarment de vivre et de porter du fruit.
Cette image est forte. Notre vie, notre capacité à vivre trouve sa source en Jésus, c’est par ce lien que nous entretenons avec lui que nous nous laissons nourrir de sa force de vie, de la sève de vie dont il nous comble. Et c’est en lui que nous pouvons porter du fruit. Cela implique que pour toutes nos missions, celle d’époux et de parents, grands-parents, celle liée à notre travail ou nos engagements associatifs, celles que nous confie l’Église, dans toutes ces missions nous ne pouvons porter du fruit que par notre attachement à Jésus. Cela implique aussi d’essayer de ne pas vouloir porter du fruit tout seul, ne pas compter que sur nos propres forces, mais avoir conscience que c’est lui, sa force de vie, qui nous permet de porter du fruit.
Cela nous libère aussi, sans nous démobiliser, sans nous dispenser de donner le meilleur de nous-même, cela nous libère de quelque impératif de rentabilité, ou de compétition entre nous. C’est Dieu et lui seul qui permet à nos engagements de porter du fruit.
Jésus complète cette image de la vigne en nous disant « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. » Cette autre image de demeurer, habiter le cœur Dieu et que Dieu habite notre cœur est elle aussi très forte. Forte et mystérieuse. Comment Dieu infini peut-il habiter mon cœur si petit et si faible ?
Surement par son Esprit Saint de la même manière qu’il habite sa Parole et le pain eucharistique, Saint Jean dans la deuxième lecture de ce jour nous donne une clef essentielle. « Or, voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé. Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui. »
Aimer Dieu, nous attacher à lui pour apprendre de lui à aimer nos frères, les aimer grâce à la force de vie qu’il nous donne parce que nous sommes attachés à lui comme le sarment à la vigne, et aimer Dieu en aimant nos frères en acte et en vérité pour qu’il demeure en nous et nous en lui. Voilà la clef du bonheur que nous donne Jésus. Voilà surement la clef de la réussite de notre vie.
Et si parfois un gel quelconque semble anéantir tous nos efforts, comme les vignerons de notre vallée, ne nous décourageons pas et remettons-nous tout de suite à l’ouvrage, en nous attachant toujours plus au Christ, en lui faisant une confiance toujours plus grande, donnons le meilleur de nous-même dans la mission confié et Dieu saura bien lui permettre de porter du fruit pour sa plus gloire