Alors que Jésus vient d’annoncer à ses apôtres « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. » eux, tout en marchant, n’ont qu’un sujet de discussion, à savoir lequel d’entre eux est le plus grand. Qui est le plus grand ? Qui est le plus fort ? Qui aura la meilleure place ? Qui a le plus de mérite ? Qui est le plus intelligent, le plus dynamique, le plus efficace ? Voilà bien des questions toutes humaines qui restent d’actualité dans les entreprise, les associations et même parfois dans l’Église. St Jacques dans la deuxième lecture nous a mis en garde « la jalousie et les rivalités mènent au désordre et à toutes sortes d’actions malfaisantes. » Jésus nous donne une réponse plus radicale encore « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » et il illustre son propos par un acte. Il met au milieu du groupe, la place de choix, d’honneur, un enfant qu’il embrasse.
Chemin du don de soi, chemin de salut…
Les disciples se demandent qui est le plus grand, et Jésus met au milieu d’eux un enfant, un petit, le plus petit et pas seulement en taille. Car l’enfant est par excellence celui qui n’a aucun pouvoir, ni politique, ni économique, ni social. Il est totalement dépendant de ses parents. Il n’a aucune connaissance, il commence sa vie et a tout à apprendre. Ses capacités physiques et intellectuelles sont encore limitées, c’est donc bien un petit dans toutes les dimensions de la vie sociale et religieuse.
Et c’est lui que Jésus met au milieu du groupe.
Ceci pour nous dire peut-être qu’au sein de notre communauté chrétienne, comme au sein du groupe des disciples, il ne peut être question de savoir qui est le plus compétent, le plus savant, le plus efficace, le plus fort, le plus grand. Chacun peut apporter sa part, malgré ses limites, et ses faibles moyens. Tout le monde à sa place dans l’Église. L’attachement au Christ, la force de son Esprit Saint, les grâces que nous offre Dieu ne sont pas liées à nos diplômes, à nos richesses, à notre pouvoir, à notre statut social.
« Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. »
Jésus nous invite à ne pas vivre en Église sous le modèle du monde. Un enfant, un petit, un pauvre, est au milieu de nous tout aussi signe de la présence de Dieu que n’importe qui d’autre, prêtre, évêque et même pape. Nous tous, qui que nous soyons, pouvons être signe de la présence et instrument de l’action de Dieu au milieu de nos frères et sœurs, si nous acceptons, à la suite du Christ Jésus, de mettre le peu que nous avons, ce que nous sommes, avec nos pauvretés, nos limites, mettre nos capacités et nos faiblesses au service des autres. Voilà la seule grandeur à laquelle nous devons prétendre. Celle du don de nous même au service de la communauté. Et tout le monde à quelque chose à donner.
En ce début d’année pastorale demandons-nous ce que nous pourrions donner de nous-mêmes pour le bien de tous. Notre communauté chrétienne est pauvre et humble elle a besoin de chacun et de tous. Laissons-nous appelés par Jésus à le suivre sur ce chemin du don de soi qui est chemin de salut.