Croire en la résurrection de Jésus n’est pas chose facile. Dimanche dernier l’évangéliste Jean nous donnait l’exemple de Thomas, aujourd’hui Luc nous montre les apôtres qui, malgré qu’ils voient et entendent Jésus ressuscité ont bien du mal à croire. « Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. » et « Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire » Pas si facile !
Luc dans son récit veut nous amener à comprendre, à saisir un peu plus la réalité de la résurrection. Ce n’est pas l’âme ou l’esprit de Jésus qui se révèle présent auprès des apôtres mais bien Jésus avec son corps, Jésus tout entier. Bien entendu il n’est plus tout à fait le même, preuve en est Marie-Madeleine, les disciples d’Emmaüs et aujourd’hui les apôtres ont du mal à le reconnaitre. Jésus est présent avec son corps spirituel, son corps glorieux comme l’a écrit St Paul. Mais Luc tient à démontrer qu’il est bien corporellement présent. «Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez, un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. » et comme cela ne suffit pas il leur dit même « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Ils lui présentèrent une part de poisson grillé qu’il prit et mangea devant eux. » Dans sa vie nouvelle Jésus n’a pas besoin de nourrir son corps mais pour que ses amis saisissent que c’est bien lui, lui dans sa totalité d’être, il mange un peu de poisson. Il n’est ni un fantôme, ni un esprit, il est le Jésus, celui qu’ils ont connu et qui est vivant d’une vie nouvelle.
Cette insistance de Luc sur la résurrection du corps est très importante pour nous. Elle nous rappelle la valeur infinie de notre propre corps puisqu’il est appelé à entrer un jour en divinité, appelé lui aussi à ressusciter.
Que Dieu ait voulu prendre corps en Jésus, se faire chair, et même souffrir de ce corps, nous dit déjà l’importance qu’il revêt à ses yeux. Pour Dieu notre corps est précieux puisqu’il la fait sien. Mais en plus il veut que notre corps le rejoigne en sa vie éternelle de joie, de paix et de gloire.
Notre corps nous est donné, et c’est par lui que nous pouvons partager l’amour, la tendresse, la miséricorde dont Dieu nous comble. C’est par nos yeux que nous pouvons être attentifs à nos frères, c’est par nos oreilles que nous nous mettons à leur écoute, c’est par notre bouche que nous pouvons dire des paroles de réconfort, de consolation ou de lumière, c’est par nos lèvres que nous pouvons embrasser, par nos mains caresser, aider, soigner, soutenir, porter …
C’est par notre corps que nous aimons vraiment et pas seulement en idée ou en bon sentiments. Sans notre corps notre amour ne serait qu’une idée non une réalité. Notre corps et nous même ne font qu’un. Qu’il soit en croissance pour un enfant, en bonne santé ou malade, jeune ou fatigué et vieilli, il est nous même. Nous sommes donc invités à le respecter, à le soigner, à en prendre soin et même à l’aimer tel qu’il est. Car il est l’instrument de notre relation à l’autre, l’instrument, l’expression de notre amour. Respecter notre propre corps et bien entendu celui de l’autre qui qu’il soit. Regarder toujours le corps, le mien et celui des autres, comme porteur de salut, appelé en entrer en divinité, appelé à être transfiguré, sublimé en Dieu au jour de sa résurrection.
Cela doit éclairer, questionner, notre manière de nourrir ce corps, de le soigner, de le bien traiter. Mais aussi notre manière de voir, de regarder, de respecter le corps d’autrui.
Dieu nous a donné un corps, il a voulu se faire chair en un corps semblable, il l’a ressuscité et fait entrer dans sa gloire éternelle. Qu’il nous donne de le respecter et de l’aimer comme lui le respecte et l’aime.