Jésus revient dans son village natal et là les choses ne se passent pas très bien. Ses voisins et amis s’interrogent : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet. »
Les habitants de Nazareth ne comprennent pas comment celui qui a vécu trente ans au milieu d’eux sans qu’on ne le remarque, qui a vécu la même vie qu’eux, vie de famille, de travail, de relation de voisinage, ce charpentier tout ordinaire se mette tout d’un coup à enseigner avec autorité et faire des miracles. Eux qui le connaissent bien et depuis si longtemps sont choqués, « pour qui se prend le charpentier ? » se disent-il. Le problème est simple ils sont tellement convaincus de le connaitre que leur cœur et leur esprit sont fermé à sa parole et à ses actes. « Cela ne peut être lui le Messie, l’envoyé de Dieu puisqu’il est le charpentier de notre village ! Sa puissance ne peut venir de Dieu puisqu’il est l’un de nous.»
Ce danger nous guette aussi. Depuis le temps que nous le fréquentons, nous courons le risque de penser savoir qui est Jésus ! Nous pouvons l’enfermer dans l’image que nous nous sommes construite de sa personne, et nous ne nous laissons plus interpeller par la nouveauté toujours renouvelée de sa révélation. Nous pouvons, parce que c’est plus confortable, nous bloquer dans des certitudes sur Dieu, sur l’Eglise, sur la morale, sur la pastorale qui nous ferment aux messages que Dieu et le monde nous donnent pour nous permettre de découvrir les attentes nouvelles, le projet de Dieu pour le monde d’aujourd’hui.
Il en va de même dans nos relations. Si nous nous enfermons sur une vision figée des personnes qui nous entourent, si nous les classons définitivement dans une catégorie bien déterminée, alors nous ne faisons plus l’effort de les écouter, nous croyons savoir ce qu’elles vont dire, nous ne pourrons découvrir ce que l’Esprit Saint fait jaillir de nouveau en elles, et ce qu’il veut nous dire par elles. Il nous faut donc nous déposséder de nos certitudes et fermetures, nous laisser déplacer. Et pour cela le pèlerinage est un bon moyen. St Fleuret est passé à Estaing en rentrant de Rome. Il y était allé pour des raisons de théologies et de pastorale, mais on ne va pas à Rome sans faire un pèlerinage sur le tombeau de Pierre et de Paul.
En cette saison notre paroisse est animée par le nombre très importants de pèlerins du chemin de St Jacques de Compostelle. Et nous allons vivre un pèlerinage en miniature, si j’ose dire, avec la procession des reliques dans nos rues.
Le pèlerinage nous invite à partir, à quitter notre domicile et avec lui le confort de nos certitudes. Nous marchons, nous nous déplaçons vers un sanctuaire ou à la suite d’un saint. Nous acceptons donc de nous laisser déplacer jusque dans nos idées préconçues.
Nous marchons avec d’autres. Nous sommes donc invités au dialogue, à l’écoute de l’autre avec ces différences de vues, avec ce qu’il peut apporter de nouveauté à notre pensée, à notre foi. Nous donnons du temps à Dieu, nous nous déplaçons vers lui et marchons avec lui. Nous le mettons au centre de notre démarche. Et tout cela ne peut que nous amener à une conversion, c’est-à-dire un changement, changement de regard sur Dieu, sur nos frères et sur le monde. Changement d’attitude. Ouverture de nos cœurs à la nouveauté de Dieu, ouverture à l’inattendu chez ma sœur et mon frère en humanité.
Que ce pèlerinage sur les pas de St Fleuret ouvre nos cœurs à la rencontre vraie et accueillant de Dieu et de nos frères.