Les apôtres Jacques et Jean veulent leur place au soleil, ils veulent être à gauche et à droite de Jésus. Ils veulent les honneurs, le pouvoir et la gloire. Les autres apôtres s’en indignent mais l’évangéliste Marc ne nous dit pas si c’est pour une juste raison ou si c’est simplement par jalousie.
Jésus leur répond en les invitant à une toute autre attitude, une tout autre recherche.
« Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »
Cette phrase de Jésus est, me semble-t-il, la réponse aux questions qui se posent aujourd’hui à notre Église avec le scandale des abus sexuel commis par des prêtres et religieux. Dans chacun de ces cas c’est toujours un abus de pouvoir envers un être fragile. Abus de pouvoir spirituel et d’autorité.
Au sein de notre Église il est temps que chacun, tous ceux et celles qui ont une responsabilité, comprennent que, quelque soit la mission qui lui est confié, c’est un service qui lui est demandé. L’attitude juste pour tout chrétien, évêque, prêtre, religieux, laïc, est, à la suite et à l’exemple du Christ, celle du serviteur qui ne cherche rien d’autre que de donner sa vie pour les autres, qui n’a d’autre souci que le bien commun, qui ne cherche d’autre gloire que celle du bonheur des autres, de la justice, de l’amour, de l’espérance. Ce qui interdit tout cléricalisme, tout autoritarisme, toute prise de pouvoir ou chasse gardée.
Notre pape nous le répète depuis plusieurs années, et la lettre qu’il a adressée au peuple de Dieu le souligne fortement.
Le synode sur la synodalité voulu par lui et qui commence ce dimanche va dans ce sens. Il désire que toute l’Église entre dans cette démarche de gouvernance vécue non pas dans la simple obéissance à une autorité ecclésiale mais dans un dialogue, une marche ensemble, une recherche commune, une écoute de ce que dit l’Esprit Saint à chacune et chacun, à une mise en œuvre de la mission qui soit ouverte à tous, l’affaire de tous, dans la fraternité et la communion. Par notre baptême nous somme tous dépositaires du projet de Dieu pour l’humanité. En chacun de nous l’Esprit Saint fait son œuvre. A travers nous l’Esprit Saint s’adresse à l’Église et au monde. Et personne n’en a le monopole ni l’exclusivité. Pour discerner ces lumières de l’Esprit nous avons tous, je dis bien tous évêques, prêtres et laïcs, besoin de la communauté, besoin des autres. C’est en partageant et confrontant ce que nous pensons entendre de sa Parole que nous pourrons comprendre ce qu’il attend de nous collectivement et personnellement. Tel est la démarche synodale.
Devant Dieu nous sommes tous égaux, tous capables, tous envoyés en missions. Il n’est pas de missions plus grandes que d’autres, plus prestigieuses que d’autres.
Baptisés nous sommes tous membres de la communauté, la famille Église, tous appelés à donner le meilleur de nous-mêmes pour qu’elle soit toujours plus fidèle à sa mission d’annoncer et de révéler par la parole et par les actes l’amour infini, la tendresse, la miséricorde de Dieu.
Que Dieu nous donne la grâce, et qu’il la donne à toute l’Église, de savoir entrer dans cet esprit de synodalité que notre pape nous invite d’emprunter avec et pour l’Église du troisième millénaire.