Les femmes, proches de Jésus, se rendent au tombeau. Luc nous dit qu’elles sont désemparées, dans la crainte, le visage tourné vers le sol. Ces mots font échos à ce que nous voyons sur nos écrans depuis des semaines. Des femmes, des hommes, des enfants face à la mort violente de leur frère, de leur sœur, de leurs parents, de leurs enfants. La guerre en Ukraine nous donne de voir la mort en face et si proche de nous.
Depuis des décennies notre occident veut oublier la mort, veut croire qu’elle n’est plus dans l’ordre des choses, qu’il faut la fuir, la cacher, la nier. Nous nous sommes fait illusions, nous avons mis la tête dans le sable pour oublier que la mort est en fait la préoccupation première de tout être humain, et qu’elle à l’origine de notre instinct de survie. Cet instinct de survie est la source de la plus part de nos réactions, il guide beaucoup de nos attitudes, de nos choix que nous en ayons conscience ou pas. C’est lui qui nous fait nous inquiéter pour nos proches, qui nous fait, travailler, économiser, qui provoque des réactions de colère ou de violence, etc.
La pandémie et maintenant la guerre à nos portes, nous remet clairement en face de la mort. Alors ils nous est bon d’entendre les paroles des anges aux saintes femmes : «Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité.»
Christ est vivant, il est Ressuscité ! Il a vaincu la mort ! Non pas en la repoussant loin de nous, non pas en l’éliminant de la nature humaine, mais il l’a vaincu de l’intérieur en la laissant avoir prise sur lui, en acceptant de mourir lui-même pour faire d’elle le passage à une vie nouvelle, la vie même de Dieu.
Le tombeau est définitivement vide ! Et ce qui est vrai pour Jésus l’est aussi pour nous.
Saint Paul le dit très clairement : « si nous avons été unis à lui par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection qui ressemblera à la sienne. » et encore « si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. »
Bien entendu cette foi et cette espérance n’enlève rien de l’horreur des massacres en Ukraine et de la souffrance de tout deuil, mais elle ouvre une perspective, elle fait entrer dans une dynamique qui est celle de la vie plus forte que la mort, de l’amour vainqueur de la haine.
En ces jours bien des baptêmes sont célébrés. Par ce sacrement nous sommes intimement associés à la mort et à la résurrection de Jésus. Par le baptême nous sommes déjà passés par la mort et entrés dans la vie divine. Pas encore dans la plénitude de la vie éternelle mais déjà, comme le dit St Paul mort au péché et vivant pour Dieu en Jésus Christ.
Les évènements mondiaux récents, l’éclairage de cette sainte nuit, nous invitent me semble-t-il, à prendre conscience que nous ne pouvons continuer à vivre en refusant de voir la mort en face, et qu’au contraire il nous faut nous poser la question du réel et profond sens de notre vie, de nos actes, de nos choix. Qu’est ce qui en mon quotidien est porteur de cette vie plus forte que la mort, de cet amour plus fort que la haine et la violence ?
La résurrection du Christ, dans laquelle nous sommes baptisés, nous invite à resserrer nos liens avec celui qui nous offre sa vie. A lui donner plus de place, lui permettre d’insuffler un surplus de vie et d’amour dans chacune de nos paroles, de nos gestes, de nos attitudes. Si nous croyons qu’en Jésus ressuscité la vie a vaincu la mort, faisons jaillir en nous et autour de nous toutes les forces de vie, de tendresse, de solidarité, d’amour, de paix et de réconciliation. En d’autre terme vivons déjà au quotidien de la vie éternelle que Jésus nous offre en donnant sa vie sur la croix et par la force de sa résurrection