Dans l’évangile de ce jour, par deux fois Jésus nous invite à nous convertir et nous dit même l’urgence, la nécessité vitale de cette conversion : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous comme eux. » et la parabole qui suit nous invite à la même chose, le figuier donne du fruit ou on le coupe.
Mais qu’est-ce donc que ce convertir ? Changer de direction entendons-nous souvent. Changer de direction ou choisir résolument de ne plus être son propre but, sa propre lumière, son propre guide mais nous tourner vers Dieu et nous en remettre totalement à lui pour nous guider, nous éclairer et nous sauver ?
Se convertir c’est ouvrir son cœur à la présence de Dieu, à son amour, à sa force de vie et d’amour, c’est nous décentrer de nous-même pour nous centrer sur le Christ, c’est renoncer à nous-même pour nous trouver en Lui, pour trouver le sens de notre vie et de notre être en sa personne. Se convertir c’est faire confiance à Dieu et nous en remettre totalement à lui, c’est, comme nous le prions dans le Notre Père : faire sa volonté.
La première lecture nous donne un bel exemple de conversion. Moïse qui avait trouvé sécurité, paix et bien-être auprès de son beau-père Jéthro se voit bousculé par Dieu qui se révèle à lui, qui prend place en son cœur et en sa vie et qui lui confie une mission qui va le conduire à combattre Pharaon et à guider le peuple hébreu dans le désert jusqu’en terre promise. Moïse s’est ouvert à Dieu, il a répondu « Me voici » ce qui l’a conduit dans une aventure qui a dépassé tout ce qu’il pouvait imaginer. Il s’est totalement décentré de lui-même et en Dieu il s’est découvert à la fois messager, prophète, guide et pasteur de toute une nation.
C’est au désert que Moïse rencontre Dieu. Le désert où Jésus aussi se retire souvent pour prier son Père. Le désert est un lieu aride, où l’homme est face à lui-même dans sa petitesse, sa faiblesse, ses limites. Un lieu où rien ne peut le distraire, où il se retrouve seul face à Dieu, sans échappatoire possible.
Nous sommes chacun, chacune, invités, dans ce temps de carême, à nous retirer au désert. Pas l’immensité de sable et de pierres, mais la profondeur de notre cœur, ce lieu, au fond de nous-même où Dieu nous attend. Pour cela il nous faut trouver un peu de temps et de silence, un peu de recul par rapport à l’agitation de nos journées. Dans cette période tant anxiogène de la pandémie et de la guerre en Ukraine nous avons besoin comme jamais de nous recentrer, de nous ressourcer, de puiser à la source l’espérance et la force de vivre à la suite du Christ. Pour cela il nous faut prendre du temps pour l’offrir à Dieu dans la prière et la méditation de sa Parole. Un peu de temps pour ouvrir notre cœur à Dieu, le laisser nous interpeller, nous retourner vers lui, nous recentrer sur lui et nous permettre nous aussi de lui dire « Me voici ». Il pourra alors nous donner de porter du fruit, les fruits de sa vie et de son amour autour de nous et qui sait nous emmener dans une aventure que nous ne pouvons imaginer aujourd’hui.
Cette conversion à laquelle nous invite Jésus est aussi celle que doit vivre notre Église suite aux scandales qui l’ont entachée. Une conversion vers une gouvernance nouvelle, vers une synodalité vécue au quotidien et à tous les niveaux, une Église où chacun à sa part, à droit à la parole, où chacun prend part à la responsabilité commune. Une Église ouverte, accueillante, miséricordieuse.
Cet appel à la conversion doit aussi, face au drame de l’Ukraine, nous inviter à construire la paix la solidarité et la justice autour de nous, en acceptant quelques sacrifices, un peu de notre confort pour que recule la guerre et la violence et que le royaume de Dieu avance dans le monde