St Matthieu nous donne de voir Jésus, au tout début de sa vie publique, rester au désert et y être tenté par le diable. Ce faisant il nous rappelle que si Jésus est pleinement Dieu il est aussi totalement, pleinement homme, et qu’à ce titre comme nous il a connu les tentations et pas seulement quelques heures au désert, mais bien comme nous, toute sa vie. Et ses tentations nous parlent des nôtres.

« Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. »  La  nourriture facile, donner à manger à tous sans qu’ils aient à se fatiguer. Jésus par pitié pour ceux qui le suivent, à plusieurs reprise multipliera les pains  mais après devra fuir car comme le dit l’évangéliste « ils voulaient faire de lui leur roi » Et oui tout le monde est pour un gouvernant qui donne en abondance.  Cette tentation n’est-elle pas la notre face aux invitations à consommer toujours plus aux quelles nous invitent les multiples publicités ? Consommer, se goinfrer, abuser… sans se soucier s’il  y en a autant pour les autres, sans se demander si pour produire ces biens de consommation on n’a pas détruit un peu plus notre planète, si l’on n’a pas exploités des populations qui elles n’ont pas accès à ces biens ou même si l’on n’a pas fait travailler des enfants.
« Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. »
La tentation de la magie, du merveilleux, du miraculeux. Plus tard ses contemporains demanderont des signes, ils n’en auront jamais assez. Jésus finira par leur répondre : « en fait de signe, il ne lui sera donné que le signe du prophète Jonas » c’est-à-dire sa mort et sa résurrection. N’avons-nous pas parfois la tentation de demander à Dieu des signes, ou de faire à notre place la mission qu’il nous a confié ?  Comme nous aimerions qu’il s’en occupe, qui règle tous nos problèmes petits ou grands ! Lui ne veut pas faire à notre place, il nous respecte trop pour cela, il nous donne la force d’accomplir notre mission. Dieu n’est pas un magicien.
« Tous les royaumes du monde et leur gloire, je te les donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. »
La tentation du pouvoir et de la gloire. Les apôtres refuseront que Jésus leur annonce qu’il va être arrêté et crucifié. Ils veulent le voir prendre le pouvoir politique et mettre l’occupant Romain hors du pays. Sommes-nous à l’abri de la tentation de pouvoir et de gloire dans nos familles, notre foyer, auprès de nos enfants ou petits enfants, dans le travail, les associations, dans l’Eglise…. ?
Ne concevoir notre mission, quelle qu’elle soit, que comme un service, un don de soi gratuit, voilà le chemin que le Christ nous demande d’emprunter.

Face à ces tentations et tant d’autres qui nous sont communes, ce temps de carême, commencé mercredi, nous donne des moyens pour y faire face :
La prière pour nous rapprocher de Dieu et puiser en lui la force de résister.
Le partage pour ouvrir nos cœurs à plus large que notre petit personne, et vivre concrètement l’amour que Dieu attend de nous après nous en avoir comblé.
Le jeûne pour nous apprendre à lutter contre la tentation de consommation et nous rendre solidaire de ceux à qui manque même l’essentiel, le vital.
Enfin, nous pouvons, à l’exemple de Jésus, puiser dans la parole de Dieu la force de résister aux tentations. Durant ce carême pourquoi ne pas ouvrir l’évangile quotidiennement pour le méditer et le prier. Il est l’arme utilisé par Jésus face au démon. Il peut être aussi la notre.
Que Dieu nous donne de vivre ce temps de carême comme un temps de grâce où nous apprenions à toujours mieux résister aux tentations multiples auxquelles nous sommes confrontés.