Murmurer l’évangile au cœur de nos sœurs et de nos frères

Quel est le sens de ces paroles de Jésus « Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. » ? Nous faut-il nous humilier devant lui pour être entendu ? C’est peu probable.
Dans la parabole du Pharisien et du publicain priants tous les deux au temple. Je crois que Jésus veut surtout nous mettre en garde contre deux erreurs commises par le pharisien.

La première est celle de penser pouvoir se présenter devant Dieu en réclamant notre dû au nom de nos vertus. « Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne. » Comme si ce que nous faisons, nos actes de dévotion, de piété, nos actes de charité nous ouvraient des droits sur Dieu. Comme si nous pouvions gagner notre salut et des grâces par nos propres forces.
Le don du salut, les grâces qu’il nous accorde, son Esprit Saint, tout n’est de sa part que cadeau, don totalement gratuit. Avec Dieu il n’est pas question d’échange, une prière contre une grâce, mais bien de se confier à lui, lui redire notre amour et notre confiance, en comptant sur lui et surtout en recherchant sa volonté. « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » disons nous dans la prière du Notre Père. « Non pas ce que je veux mais ce que tu veux » prie Jésus au jardin des oliviers. Tel est le fond, le cœur de toute prière vraiment chrétienne, découvrir la volonté de Dieu et essayer de l’accomplir. Et non pas l’inverse, vouloir que Dieu fasse notre volonté.
L’autre erreur du pharisien dénoncée par Jésus c’est le fait qu’il se compare. « Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. ».
Dieu seul connait le cœur de l’homme, Dieu seul sait ce qui motive en profondeur les actes des hommes. Dieu seul sait les pensées profondes, les douleurs, les blessures des uns et des autres.
Nous, nous ne connaissons que la surface des choses, ce qui apparait, ce qui est visible. Alors comment pourrions juger de la vertu ou du péché d’une sœur ou d’un frère ? Comment nous comparer ?
De plus, à se penser meilleur ou plus pur que les autres on prend le risque de s’enfermer et de faire de l’Église un petit groupe de personnes qui ne se situent plus dans le monde mais face au monde, se permettant de faire la leçon et fermant ainsi la porte de la rencontre de Dieu à tous ceux qui ne leur semble pas assez beaux, assez purs, assez croyants, assez pratiquants et je ne sais quoi d’autre encore.
La conscience de notre propre faiblesse « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis ! » comme le dit le publicain, cette conscience au contraire ouvre notre cœur à l’accueil de l’autre tel qu’il est, là où il en est, lui permettant de faire le pas qu’il peut faire actuellement sans lui demander de devenir tout de suite un aussi bon chrétien que nous pourrions penser l’être.
La faiblesse, notre faiblesse fait naitre en nous l’humilité et la bienveillance parce qu’elle nous met au même niveau que les autres, sans arrogance ni orgueil mal placé. Cette faiblesse rejoint celle du Christ en Croix dans le don de sa vie qui sauve l’humanité. Elle nous ouvre à la miséricorde de Dieu et nous permet de devenir nous aussi miséricordieux.
En ce dimanche de clôture de la semaine missionnaire mondiale laissons-nous emporter par l’humilité du publicain, par la seine et sainte conscience de notre fragilité, afin que nous sachions murmurer l’évangile au cœur de nos sœurs et de nos frères et qu’ils puissent entendre, recevoir cette annonce et faire la rencontre de Jésus qui veut transfigurer nos êtres et nos vies.