Pour éclairer la fête du Christ Roi de l’Univers que nous célébrons aujourd’hui l’Eglise nous donne de contempler Jésus sur la croix. Le Roi de l’Univers est cet homme nu, les mains et les pieds cloués au bois, dont la seule puissance, le seul pouvoir est de donner sa vie, de mourir pour sauver l’humanité.
Le Roi de l’Univers a pour trône un instrument de supplice et de mise à mort. Il a pour couronne des branches épineuses, pour manteau de gloire sa nudité. Lui qui est à l’origine de toute vie comme dit St Paul : « en lui, tout fut créé, dans le ciel et sur la terre. Les êtres visibles et invisibles, Puissances, Principautés, Souverainetés, Dominations, tout est créé par lui et pour lui. », Luc nous le présente agonisant dans des souffrances indicibles. Et tout en mourant pour nous il trouve la force de dire à son voisin de potence : « aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »
Il ne nous faut jamais oublier qu’être chrétien c’est être disciple de ce Roi bien particulier. Oubliés les gloires terrestres, les petits pouvoirs prétentieux, les recherches de renommées, d’influences, les mensonges pour protéger l’institution, les silences meurtriers…
Nous sommes disciples d’un roi crucifié.
Cela n’implique pas une spiritualité doloriste, cela ne nous plonge pas dans une recherche malsaine de souffrance, ou même son acceptation résignée. Non, nous sommes invités, bien au contraire, à combattre toute souffrance, quelle qu’elle soit, la combattre de tout notre cœur et de toutes nos forces. Mais avec les moyens de Jésus lui-même, les outils du Roi de l’Univers, c’est-à-dire le don de soi-même. Nous n’avons pas, et ne devons pas chercher d’autres forces que celle du don de nous-mêmes à la suite de Jésus.
Alors en ce jour d’appel du Secours Catholique, nous devons être plus sensibles encore aux difficultés que rencontrent pour vivre et survivre beaucoup de nos contemporains, ici en France et dans le monde.
Alors que la crise qui sévit va rendre très difficile si ce n’est impossible pour beaucoup de se chauffer cet hiver, de payer leur loyer, de se nourrir et s’habiller, nous ne pouvons pas fermer nos cœurs à leurs plaintes même si elles sont bien souvent silencieuses. Ne fermons pas non plus nos yeux faces à des familles entières, des enfants, des jeunes seuls, qui parce qu’ils ont faim, ou peur pour leur vie, traversent la méditerranée qui est en passe de devenir le plus grand cimetière d’Europe.
Par le Secours Catholique nous sommes appelés au partage, à faire un geste. Mais à le faire à la manière de Jésus. C’est-à-dire non pas un billet lâché rapidement pour régler le problème et se donner bonne conscience, mais en nous demandant sérieusement ce que nous pouvons donner, jusqu’où nous pouvons participer. Jésus a donné sa vie pour nous, il nous invite à faire de même. Jusqu’à qu’elle somme mon don ne me gêne pas trop, ne change-t-il rien dans ma manière de vivre ?
Le pape François dans son encyclique Laudato si sur l’écologie a écrit : « l’heure est venue d’accepter une certaine décroissance dans quelques parties du monde, mettant à disposition des ressources pour une saine croissance en d’autres parties. »
Sommes-nous prêts au sacrifice d’un peu de notre confort occidental pour permettre aux pays du sud de se développer à leur tour ? Voilà la question que nous pose notre pape.
Donner de soi-même, donner un peu de son confort, c’est l’appel que nous lance aujourd’hui le Roi de l’Univers du haut de sa croix. Demandons-lui la grâce de l’entendre et la force de lui répondre par des actes qui fassent réellement de nous ses disciples.