« C’est l’amitié qui évangélise. »

Jésus envoie ses apôtres deux par deux en mission. « Il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. » Il les invite à une très grande pauvreté de moyen. Il n’est pas question ici d’ambition, de stratégie et de programme pastoral, de super méthode ou truc invincible. Mais tout simplement vivre l’hospitalité, se contenter de ce que l’on a, témoigner de l’Évangile, porter assistance aux plus fragiles… Il n’est pas question de moyens intellectuel, culturel, ou de super missionnaires, ou d’évangélisateurs chevronnés, formés, efficace, mais de simples pécheurs du lac de Tibériade, un collecteur d’impôt pour l’occupant Romain, des hommes humble, sans bagages, avec pour seule richesse leur attachement à Jésus, à ses parole et à son exemple. « Dieu n’appelle pas des qualifiés, il qualifie des appelés. »
Quand Jésus envoie en mission, il n’envoie pas non plus faire du prosélytisme.
A ce sujet permettez moi de vous partager une lecture récente. Le cardinal Joseph de Kesel archevêque de Bruxelles écrit : « Il convient de rejeter le prosélytisme tant comme méthode que comme stratégie missionnaire. Non seulement en raison du manque de respect à l’égard de l’autre et de ses convictions, mais surtout parce qu’on part du principe que je serai capable de lui donner la foi. Or, cela n’est pas possible. Je puis témoigner de ma foi, mais c’est Dieu seul qui peut ouvrir le cœur d’un être humain ; je n’ai aucun pouvoir sur un autre être humain. Si je veux faire connaître l’Évangile à quelqu’un je ne puis le faire que dans une rencontre avec lui. Une rencontre digne de ce nom, dans laquelle je rencontre l’autre comme autre, le reconnais et l’apprécie dans sa différence… Une rencontre ne se fait jamais avec des arrières pensées. Une rencontre ne trouve pas son sens en fonction d’autre chose : elle est son propre sens. Je n’ai rien à vendre. C’est l’amitié qui évangélise. »
« C’est l’amitié qui évangélise. » nous dit Mgr de Kesel. C’est dans la rencontre gratuite, totalement gratuite du frère, de la sœur en humanité, qui qu’il soit, dans sa différence, dans sa fragilité parfois, que nous pouvons témoigner simplement de notre foi.
Partager en toute simplicité de notre joie de croire en Dieu révélé en Jésus Christ. Partager le sens que Jésus donne à notre vie, la paix que donne sa fréquentation, la force donnée par ses sacrements, la lumière de sa parole, l’espérance de son salut, la chaleur de sa présence aimante et douce. C’est dans l’amitié que tout cela peut être signifié et pas autrement. C’est par l’amitié que cela peut être entendu et reçu. Il nous faut accepter d’entrer en amitié, en relation d’amitié avec l’autre pour pouvoir témoigner auprès de lui de notre foi et laisser Dieu faire son œuvre en son cœur. Jésus envoie ses apôtres deux par deux. Cela nous rappelle que nous ne pouvons pas être chrétiens, disciples de Jésus, tout seul. Notre témoignage ne pourra porter du fruit que si nous le vivons avec d’autres, c’est-à-dire en Église, en communauté fraternelle et unie. La mission n’est pas l’addition des actes missionnaires de chacun mais bien une mission commune que nous portons ensembles. Et nous ne serons crédible qu’ensemble. Que Dieu fasse de chacun de nous un missionnaire selon son cœur.