Pour que l’Évangile soit réellement annoncé.

Les scribes et les veuves. Deux groupes de personnes importants à l’époque de Jésus. Les premiers sont les spécialistes de la bible, les interprètes officiels, des hommes importants, qui ont autorité. Les veuves, avec les orphelins, sont les personnes pauvres et vulnérables.
Jésus met en garde contre les scribes qu’il accuse de rechercher les honneurs, les places de choix, mais surtout de ne prier que pour l’apparence et de dévorer les biens des veuves, de profiter de la faiblesse des plus petits. Pour les veuves il demande à ses disciples d’en regarder une comme étant l’annonciatrice de sa passion. De fait ayant mis au tronc du temple deux piécettes, ce qui représenterait aujourd’hui deux centimes d’euro, pour ainsi dire rien, Jésus nous dit que c’est elle qui a donnée le plus puisqu’elle a donné tout ce qu’elle avait pour vivre, comme lui donnera sa vie sur la croix.

J’ai médité cet évangile au moment où les évêques de France, réunis à Lourdes, travaillaient sur le rapport Sauvé à propos des crimes commis par des prêtres et religieux sur des mineurs. Comment ne pas entendre les mots de Jésus sur les scribes qui, au nom de leur renommée et de leur pouvoir, ont dévorés les biens de veuves, faire échos à ces clercs qui, s’appuyant sur leur renommée, sur la confiance qui leur est faite, ayant dévoyée la Parole qu’ils devaient annoncer, ont dévoré la vie de ces enfants ?
Jésus nous met en garde sur le pouvoir, les places de choix, l’honorabilité associée à ce qui ne devrait n’être qu’un service des hommes et de Dieu. Jésus fait clairement le choix de celle et celui que personne ne voit, qui donne de lui-même dans la discrétion. Celui que l’on n’entend pas parce qu’il ne fait pas de bruit mais qui donne tout ce qu’il a pour le bien commun.
C’est un appel très clair que nous lance le Christ Jésus, appel à l’humilité qui fait échos à la première béatitude entendu à Toussaint : « Heureux les pauvres de cœurs, car le royaume de Dieu est a eux. »
L’Église de France doit se convertir et avec elle chacun de nous.
Je crois que le monde n’a pas besoin d’une Église qui parle avec autorité, qui veille à ce que soit entendu sa parole savante, qui soit influente, puissante, honorée, mais d’une Église faite de témoins, de femmes et d’hommes, simples et humbles, qui donnent ce qu’ils ont de meilleur, leur vie, pour que l’Évangile ne soit pas que des mots, mais qu’il s’incarne en leurs paroles, en leurs actes, en leurs attitudes. La Parole de Dieu s’est incarnée en Jésus, le Verbe fait chair. Elle doit aujourd’hui s’incarner en chacun de nous. C’est cela qui pourra toucher nos contemporains, qui pourra leur donner le désir de rencontrer celui qui est source de tout amour et de toute vie. L’avenir de l’Église ce sont les veuves et les orphelins de l’époque de Jésus, ce sont les petits, les humbles, les sans grades d’aujourd’hui qui peuvent incarner son message et faire grandir, au quotidien, dans l’ordinaire de chaque vie, le monde nouveau d’amour, de paix, de justice et de joie que Dieu veut pour notre humanité. Ne rêvons pas d’une autre Église que de celle de la crèche de Bethléem et celle de la croix de Jérusalem. C’est là que se joue le salut de l’humanité et donc le notre.
Tel est la tache de chaque baptisé, chaque disciples du Christ que nous soyons laïcs ou prêtres.
Que Dieu nous donne la grâce de l’humilité, de l’humble action, silencieuse mais décisive, pour que l’Évangile soit réellement annoncé.