« une maison sûre» pour les enfants et les plus fragiles.

Jésus accueille les enfants que les adultes repoussent, il nous les donne même en exemple de foi. « Celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. » nous dit-il. Pourquoi faut-il accueillir le projet de Dieu à la manière d’un enfant ?
L’enfant est un être de confiance. Il fait une totale confiance en ses parents. Il sait qu’ils ne peuvent vouloir que le bien pour lui. Il sait dépendre totalement d’eux. Il ne doute pas de leur amour. C’est à une même confiance que Jésus nous invite envers lui et son Père.
Cette confiance d’enfants pour leurs parents, ils doivent pouvoir la vivre aussi au sein de notre Église en particulier avec ses pasteurs. Or cette confiance a parfois été trahie.

Mardi 5 octobre le rapport de la commission Sauvé va être publié. Cette commission a été créée en 2018 sous l’impulsion des évêques. Elle est constituée de vingt deux personnes, 12 hommes et 10 femmes, totalement indépendantes. Elle a eu pour mission d’enquêter en toute liberté sur les violences sexuelles commises par des membres du clergé sur des enfants et des adultes vulnérables depuis 1950. La publication de ce rapport va être probablement un choc terrible pour toute l’Église de France. Les évêques nous demandent de nous préparer à vivre cette heure difficile mais nécessaire. Nécessaire car, comme le répète notre pape, toute la vérité doit être faite. Elle est indispensable pour les victimes et pour l’Église.
Cette vérité est terrible à entendre. Les évêques, dans un texte paru le 25 mars dernier, reconnaissent que nous n’avons pas mesuré la souffrance des victimes, la gravité des maux qui leur étaient infligés. Ils remercient les victimes qui ont accepté de témoigner ainsi que les associations qui les y ont aidés. Ces crimes odieux marquent les personnes pour toute une vie. L’Église n’a pas su mesurer l’ampleur du traumatisme vécu par les enfants et les jeunes agressés, ce sont des vies entières qui ont été bouleversées, rendues compliquées et douloureuses. Nous leur devons la vérité. Nous leur devons une écoute, une aide, une attention toute particulière. Nous nous devons de les porter dans notre prière personnelle et communautaire. La vérité est aussi indispensable pour l’Église pour que plus jamais elle ne couvre ses crimes et que les coupables soient punis et soit empêchés de nuire. Qu’elle fasse tout ce qui est en son pouvoir pour endiguer ce fléau. La commission Sauvé donnera, en plus d’un tableau des faits, des recommandations que les évêques s’engagent à prendre sérieusement en compte pour adapter son action contre la pédophilie au sein de son clergé.
Mardi notre Église de France va être entachée, blessée, humiliée, par la révélation du péché gravissime de membres de son clergé. Ne cherchons pas à minimiser, à excuser de quelque manière que ce soit ces faits incontestables. Regardons courageusement la réalité en face.
Toute la famille chrétienne est meurtrie. Mais la vérité est salutaire. Elle seule peut nous permettre de porter de notre mieux les victimes vers qui doit aller en tout premier lieu notre attention, mais aussi pour que plus jamais un enfant ne soit abusé par une personne qui devrait au contraire lui révéler l’amour et la tendresse de Dieu.
Par la vérité et l’amour faisons ensemble de notre Église, comme le dit notre pape, « une maison sûre» pour les enfants et les plus fragiles.