Zachée est un pécheur public qui s’est enrichie en prélevant l’impôt pour l’occupant Romain, et se remplissant les poches aux dépens de ceux qu’il spoliait en faveur de l’ennemie. L’on peut facilement imaginer sa réputation à Jéricho ! Voilà bien quelqu’un d’infréquentable, un voleur que tout le monde montre du doigt, déteste ou méprise.
On peut penser que s’il monte sur l’arbre c’est moins parce qu’il est de petite taille que pour se cacher dans les branches du sycomore, pour passer inaperçu. Voir sans être vu.
Loupé, Jésus le voit, mieux il pose son regard sur lui, un regard d’amour et de miséricorde. Un regard d’amour comme celui que nous décrit le livre de la Sagesse « Tu aimes en effet tout ce qui existe, tu n’as de répulsion envers aucune de tes œuvres ; » ou comme le psaume 144 « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour ; la bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse, pour toutes ses œuvres. » Voilà le regard que Jésus pose sur Zachée en lui demandant l’hospitalité : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. »
Ce regard Jésus le pose sur chacun d’entre nous. Un regard qui ne s’attarde pas sur nos faiblesses, nos infidélités, nos incohérences, nos péchés, mais au contraire sur tout ce qui est beau en nous, tous ce qui est potentialité d’amour, de générosité, de don de soi, d’espérance et de foi. Sachons apprécier ce regard que pose sur nous le Seigneur, il peut nous éviter le découragement et même le désespoir.
Mais n’oublions pas non plus qu’il pose ce même regard sur tous nos frères et sœurs qui qu’ils soient, quelles que soient leur vie, leurs difficultés, leurs échecs, leurs limites. Et il nous invite à essayer, à notre tour, de poser le même regard sur eux, d’apprendre à voir en eux toute leurs potentialités d’amour.
Zachée, lui aussi, malgré son grand péché, nous apprend quelque chose d’important. St Luc nous dit de lui qu’il cherchait à voir qui était Jésus. C’est peu et c’est beaucoup. Chercher à voir qui est Jésus. St Bernard définie le moine comme un chercheur de Dieu. Nous sommes tous invités à être des chercheurs de Dieu. Ne pas nous perdre dans le brouhaha de la vie, dans la spirale infernale du temps qui passe et nous échappe, pour nous arrêter dans le silence, monter sur notre sycomore, pour chercher Dieu dans la lecture méditée de sa Parole, dans le dialogue amoureux de la prière, dans le silence de la contemplation. Comme pour Zachée la rencontre du Seigneur nous conduira vers des aventures que nous n’imaginons pas car elle réveillera en nous des potentialités que nous ignorons. Dieu seul sonde le cœur de l’homme, comme Jésus qui seul avait vu la grande générosité enfouie dans le cœur de Zachée.
Il nous amènera à donner le meilleur de nous même au service de nos frères et sœurs. Il nous conduira sur le chemin de la sainteté qui est chemin de bonheur éternel.
Que Dieu nous donne la grâce d’avoir confiance en son regard d’amour et à désirer toujours mieux le connaitre pour le laisser réveiller en nous les qualités qu’il y a déposées.