« Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »
Cette phrase qui conclut l’évangile de ce dimanche semble laisser entendre que ne peut-être disciple que celui qui fait vœux de pauvreté et qui renonce à fonder une famille. Il n’y aurait de salut que pour les religieuses, religieux et les prêtres ! C’est impensable et en contradiction avec une phrase précédente « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. »
Il n’est donc pas indispensable d’être célibataire, il suffit de préférer le Seigneur à ce qui nous est le plus cher.
Mais pourquoi et comment le préférer à nos plus proches ? Une maman doit-elle négliger de s’occuper de ses enfants pour se consacrer à la prière ? Un mari doit-il délaisser sont épouse pour passer plus de temps à l’église ?
La lettre de St Paul peut, me semble-t-il nous éclairer. Il écrit à son ami Philémon qui lui a prêté son esclave Onésime. Paul le renvoi à son maitre mais avec une demande « S’il a été éloigné de toi pendant quelque temps, c’est peut-être pour que tu le retrouves définitivement, non plus comme un esclave, mais, mieux qu’un esclave, comme un frère bien-aimé »
Paul demande à son ami d’accueillir Onésime, non plus comme son esclave, c’est-à-dire sa chose dont il peut disposer comme il veut, mais comme un frère qui, comme lui, à reçu le baptême, la vie du Christ. L’Apôtre n’exige rien, il n’impose rien, il n’oblige en rien son ami Philémon, mais il lui demande, au nom de son amitié, de renoncer à sa propriété sur cet esclave et de le voir désormais comme un frère, c’est-à-dire un égal, comme lui habité par l’Esprit, disciple de Jésus.
C’est peut-être ce que le Seigneur nous demande à nous aussi, renoncer à croire que des personnes nous appartiennent, renoncer à penser que nous avons des droits sur elles, renoncer à vouloir leur imposer nos volontés, nos désirs, et voir en elles le visage du Christ, qu’il nous faut préférer à tout.
Jésus ne nous demande pas de nous détourner de nos proches pour le servir, mais de le reconnaitre et le servir en eux, à travers eux.
Toute personne est image de Dieu, présence de Dieu. « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères c’est à moi que vous l’avez fait » nous dit Jésus en Matthieu 25. Servir Dieu, préférer Jésus c’est voir en chaque homme et femme, chaque enfant, jeune ou personne âgée, le visage, la personne de Jésus. Comment pourrions-nous préférer et servir Jésus sans préférer et servir nos frères et sœurs ?
St Jean nous le rappelle dans sa première lettre « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. »
Préférer Jésus c’est accepter de le suivre sur le chemin du don de soi par amour pour les autres. « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple. »
Jésus sait combien cela est exigeant et difficile et c’est par ce qu’il devine que la grande foule qui le suit l’abandonnera à l’heure de la passion qu’il les prévient avant et leur indique la grande exigence qu’implique de vouloir être son disciple.
Demandons lui de le préférer, de préférer le suivre dans ce don de nous même à tout confort et toute sécurité illusoire. Le bonheur et la vie sont dans le don de soi.
Que le Père nous donne la grâce d’être de vrais disciples de son Fils.